Depuis le rapprochement considérable que j’avais effectué avec Auréa, mes nuits étaient moins turbulentes, quasiment profondes à dire vrai. Elle avait cette capacité à me rendre serein, à éclaircir la route que suivaient mes pas. J’étais loin de la prendre pour une personne acquise, je me contentais simplement de sa présence dans la maison, c’était un bonheur simple. Sans complications. Je supposais que tout le monde à la maison était au courant de ce qui se passait entre nous et pourtant je gardais toujours une certaine distance au quotidien, pour une seule raison, à cause d’une seule personne ou plutôt à cause de son incompréhension. Je me rendais compte du contraste entre Aleesha et Auréa. Elles m’apportaient toutes les deux quelque chose d’essentiel tout en le faisant différemment. Je ne pouvais pas oublier Aleesha mais le présent voulait que mes sentiments se dirigent uniquement vers Auréa et… Il fallait qu’elle l’accepte malgré ce qu’il me restait de sentiments pour elle. Le monde était grand, la vie tout autant, tout était possible. Pourquoi se focalisait-elle que sur une seule personne, moi à l’occurrence ? A cause des souvenirs ? Le passé pouvait être dangereux pour les rêveurs. Il les blessait mais ils étaient aveuglés par leur nostalgie. Auréa m’arrachait de cette nostalgie et me faisait voir d’autres soleils, d’autres rêves. Je ne cessais pas de penser à elle, à son sourire, à son rire qui s’éternisait. Je la reconnaissais partout alors qu’au fond, ce que je voyais était loin d’être aussi bien qu’elle. Elle m’avait fait aimer les contacts humains, elle me faisait aimer le soleil alors que j’avais toujours préféré la pluie. C’était beaucoup de choses simples et pourtant, ces choses simples, je les avais oubliées.

Je m’étais levé ce matin, comme tous les matins, à l’exception qu’elle était en bas et que son regard embellissait ma journée. La serrer dans mes bras était devenue la première chose que je faisais après être sorti de la salle de bain, respirer son odeur c’était comme ouvrir la fenêtre dans une pièce qui était noyée dans le renfermé. C’était aussi lever les stores pour laisser les rayons du soleil illuminait la maison. Je me servais un café et prenait instinctivement mon portable qui était posé sur la table. J’avais plusieurs appels manqués et quelques messages que je n’avais pas pris la peine d’ouvrir. Tout en buvant mon café, je me rendais compte que cela faisait pas mal de temps que je n’étais pas sorti de la maison, que je n’avais eu aucun contact à part avec les gens qui vivaient avec moi, c’est le message de Rosalinda qui m’avait d’abord interpellé, qui m’avait donné envie de la revoir par la même occasion et justement elle m’invitait au cinéma. J’acceptais directement. Revoir ma meilleure amie me ferait sans doute le plus grand bien, d’ailleurs elle me manquait lorsque j’y pensais. Je n’avais pas besoin de monter me préparer vu que j’avais déjà pris ma douche. Je terminais ma tasse de café et la rangeais dans le lave-vaisselle en même temps. Je mettais ma veste en cuir sans la fermer et prit les clés de voiture qui était eux aussi sur la table. Je voyais Auréa qui me regardait en essayant de comprendre. Elle s’était mise sur le canapé et sautait dessus en chantant la chanson qui traversait la maison. Elle me faisait rire, elle était tellement pleine de vie par moment que ça en devenait contagieux. Je m’approchais d’elle et la portait pour que ses pieds soient au sol, elle levait ses yeux pour fixer les miens en me souriant. Mes bras l’entouraient et je l’embrassais rapidement dans le cou en lui murmurant que j’allais voir Rosie. Elle m’embrassait sur la joue et me répondait par un : « D’accord, à toute à l’heure. » toujours avec le même sourire accroché à ses lèvres. Je me détachais d’elle et elle retournait sur le canapé pour chanter et sauter comme elle l’avait fait tout à l’heure… Je sortais de la maison puis entrais dans la voiture en me disant que j’avais de la chance qu’elle fasse parti de ma vie.

J’avais la chance de vivre à proximité de la ville, je savais qu’en voiture cela ne prendrait qu’environ une quinzaine de minutes. Connaissant Rosie, j’aurais de l’avance sur elle, non pas qu’elle n’était pas ponctuelle mais plutôt car j’avais toujours été là avant elle et d’ailleurs on s’était souvent lancé des défis concernant qui serait le premier arrivé. La route n’était pas blindée et tant mieux car je n’aimais pas ça du tout, au bout de quelques temps, j’arrivais à l’endroit qu’elle m’avait indiqué. Je me garais sur le parking et décidais de l’attendre, adossé à un mur assez éloigné des gens qui déambulaient comme des fourmis. Je n’avais jamais aimé être mélangé avec les inconnus, Rosie le savait très bien, par contre, j’aimais les observer sans rien dire. J’étais ailleurs, en regardant les gens passer, je ne pensais à rien de précis, si ce n’est qu’à Auréa encore et toujours, je me demandais aussi comment Rosie allait être aujourd’hui. J’espérais qu’elle soit heureuse et surtout qu’elle me dise que tout va absolument bien. J’entendais une voix familière passait à travers mes tympans, c’était la voix de ma meilleure amie. Elle m’embêtait encore gentiment comme on avait l’habitude de le faire. Elle me souriait, tout en me demandant si j’allais bien. Elle provoquait mon sourire à son tour. C’était bizarre comme certaines personnes pouvaient vous donner une sensation de bien-être et d’aisance aussi facilement que Rosalinda le faisait.

Rosalinda A. Dantes a écrit:

- Rêves pas, elles sortirons pas avec toi !
- Tu vas bien autrement ?

Sa présence me rendait assez dynamique, il était facile de retomber en enfance avec elle, elle ressemblait à cette petite soeur que je n'avais jamais eu. Elle avait une place importante pour moi, elle me faisait rire, me défiait, jouait avec moi comme personne d'autre ne le faisait et il n'y avait rien de malsain dans cette relation contrairement à ce que les gens pouvaient penser. Nous avions nos jeux d'enfants, la raison pour laquelle personne ne comprenait c'était qu'ils se qualifiaient en temps qu'adultes majeurs et responsables. Lorsque j'étais avec Rosie, je n'étais qu'un gamin et pourtant, je savais que si j'avais besoin de parler sérieusement elle serai là, tout comme moi j'aurais été là pour elle, j'entretenais un lien très simple et très fort avec elle. Une meilleure amie pouvait tout faire avec vous, la confiance régnait et tout nos secrets étaient dévoilés. On se connaissait sur le bout des doigts et pourtant rien n'était de trop. Chaque chose nous faisait grandir.

- Elles ne m'intéressent pas je t'assure, même si ça t'étonne...

Je m'avançais vers elle et l'entraînait avec moi en entourant ses épaules de mon bras droit. Tout en marchant, je la regardais, elle était lumineuse, ça effaçait mes craintes sur son moral, elle semblait heureuse, tout comme je l'étais.

- Je vais sûrement aussi bien que toi ma Rosie, je savais que ca allait te faire plaisir de me voir mais je m'attendais pas à ce que ce soit à ce point là...

Je me vantais et j'en riais, je savais qu'elle allait me remballer, je trouvais ça adorable lorsqu'elle le faisait. On se mettait dans la fil pour passer la commande de nos billets.

En réalité, je n'avais jamais eu d'amitiés aussi fusionnelles que celle que j'entretenais avec Rosalinda. J'avais l'habitude de regarder la gente féminine autrement que par un regard chaste mais les choses avaient changé au fil des années. Je voyais Rosie comme une petite soeur, c'était globalement ce qu'elle était. Depuis que je l'avais aidé lorsqu'elle s'était retrouvée seule, j'avais toujours ressenti le besoin de veiller sur elle, d'avoir de ses nouvelles assez fréquemment et elle m'écoutait comme personne ne l'avait fait pendant de longs moments. J'avais une chance énorme d'avoir une amie comme elle, jamais elle n'avait essayé de me faire du mal et elle faisait partie des personnes en qui j'avais une confiance aveugle. Lorsque je la regardais sourire, c'était comme regarder la lumière dans les yeux. J'avais toujours voulu qu'elle soit heureuse. Je savais qu'elle avait beaucoup pleuré à cause de ses parents, je savais à quel point elle pouvait se sentir usée. Pourtant aujourd'hui, son visage semblait serein et Dieu sait à quel point ça lui allait bien. Je n'avais pas besoin de me montrer froid, distant avec elle, j'étais moi-même aussi étrangement que cela puisse paraître. J'avais pas mal de problème pour exprimer mes sentiments en amour, l'amitié qu'elle me donnait briser ses barrières qui me bloquaient. Je n'avais pas besoin de lui dire, elle savait tout comme je savais ce qu'elle représentait et ce que je représentais.

J'avais besoin de ça, de cette amitié et de ses rires qui me faisait un peu oublier toutes les complications. Le fait qu'elle me rende aussi enfantin m'aidait à évacuer pas mal de tourments. Son caractère me faisait rire et son répondant était à la hauteur de mes jeux. J'accordais rarement autant d'importance à mes amis car je savais que les amis étaient souvent éphémères mais Rosie était diffèrente pour moi, elle était ma meilleure amie. Personne ne connaissait mes secrets comme elle les connaissait. Sa façon d'être me donnait envie d'être sincère, d'être vrai sans mensonges et elle faisait parti de mon bonheur quotidien.

Auréa m'apportait évidemment tout ce dont j'avais besoin, j'avais l'impression que je serai incapable de vivre sans elle pendant longtemps si jamais elle venait à partir comme mes plus sombres pensées me le disaient. Je ne savais pas si j'étais heureux à cet instant, en réalité, je ne savais pas ce que j'étais car il y avait toujours une part d'ombre au tableau,mon pessimisme éxagérait les choses... Je soufflais discrètement et me mettait derrière la file avec Rosie. Je ne voulais pas briser ce moment et je n'avais aucune raison de le faire et puis je me sentais asez bien pour faire abstraction des problèmes que j'avais pu rencontré.

Citation :

- Te croit pas le centre du monde non plus, c'est pas toi qui me fait sourire autant mais Benjamin. Mais je suis contente de te voir aussi.

Nos regards s'était encore accrochés, je lui souriais car elle en revenait toujours à Benjamin, elle semblait réellement amoureuse, ça effaçait mes craintes sur son moral. Benjamin semblait éclairé sa vie auss bien qu'Auréa le faisait naturellement. Il suffisait parfois d'une personnne pour tout changer, tout modifier à tel point que le passé retournait à sa place initiale à la place de se bousculait contre le présent. Je n'arrivais pas à décrire ce qu'Auréa m'apportait juste par un regard, pour sa chaleur surnaturelle. Tout ça était indescriptible et parler de l'impossible m'était encore plus inaccessible que de parler simplement, en plus j'avais déjà énormement de mal à m'exprimer.

Citation :

- Et sinon, tout se passe bien dans ta vie ?

Elle me regardait encore comme pour savoir si je mentirais ou pas, elle devait sûrement essayer de savoir ce qu'il se passait, je ne pense pas que je l'avais mit au courant pour Auréa, peut-être qu'il était temps que je le fasse. Je me sentais plus vivant depuis que mes sentiments s'étaient confirmés, aimer Auréa me faisait vivre et me donner envie de m'arracher de cette ombre lancinante. Elle était ma chance d'entreprendre une nouvelle vie et ma confiance en elle devenait de plus en plus distincte... Nous étions arrivé face à l'ouvreur, je me tournais vers Rosie pour lui répondre et lui demandait ce qu'elle voulait voir par la même occasion.

- Tout va mieux, en tout cas grâce à une personne... Ca change tout tu sais...Mais bref. Qu'est-ce que tu aimerais voir ?

La présence de Rosalinda à mes côtés me rendait très serein, très zen. Je savais ce qu’elle valait et je peux vous assurer que c’était une fille en or, débordante d’affection, d’humour et de vitalité. C’est comme cela que je voyais ma meilleure amie, c’était une bouffé d’air en liberté sur notre Terre salie et polluée. Tout avec elle devenait plus simple. C’était mon amie, celle qui je me confiais sans gêne. Je l’avais rencontré ici, à New-York par le plus grand hasard du monde. Elle venait tout juste de quitter ses parents adoptifs et était terriblement sous le choc. Elle avait passé le plus clair de son temps à la maison avec moi avant de se trouver un appartement. Au fil du temps, elle était devenue ma meilleure amie, celle que j’aimais entendre rire et que je protégeais à tout prix. Ceux qui faisaient du mal à Rosie me faisaient directement du mal. Je devais sans doute la surprotéger mais je n’en avais absolument rien à faire. Pour moi il était clair qu’on ne devait pas blesser ma meilleure amie. Elle me posait des millions de questions à la suite, elle ne me laissait même pas le temps de répondre, ce qui m’amusait car elle semblait curieuse de savoir qui était cette personne en question, je ne répondais pas tout de suite pour la rendre impatiente mais elle se vengeait en me taquinant de toutes sortes de manières que personne d’autre qu’elle et moi pouvaient comprendre.

Au bout d’un moment, on arrivait devant le guichet et elle commanda deux places pour voir un film qui s’intitulait Esther. Rosalinda me disait que c’était l’histoire d’une fillette qui avait un problème et qui changerait la vie de sa famille d’adoption. Elle ajoutait que ça me plairait entre deux autres phrases, je ne lui avais toujours pas répondu, ça m’amusait de la rendre aussi impatiente. Elle avait payé les places alors que je ne voulais pas la laisser payer quoi que ce soit mais je me rappelais d’une chose avant d’entrer dans la salle. Un cinéma sans pop corns, c’est pas réellement un cinéma. Je l’emmenais à l’endroit où il vendait toutes sortes de confiseries et prit deux grands bols de pop corns et deux grands coca, une fois que j’avais payé, on entrait dans la salle où la séance de cinéma se produisait. Il y avait beaucoup de monde dans la salle mais on avait fini par trouver des places dans les rangs du fonds. Rosie me questionnait toujours sur Auréa, ça me faisait toujours autant rire. Je m’asseyais et elle s’asseyait à côté de moi à son tour. J’enlevais ma veste et me mettait à l’aise. Le film n’avait pas encore commencé, on était encore en attente. Ca me permettait de lui répondre comme il se devait.

- C'est géniale sa ! Comment elle s'appelle ? Elle est gentille avec toi au moins ?

- Elle s’appelle Auréa. Et pourquoi je l’aimerais si elle n’était pas gentille Rosie ? Non, sérieusement, elle est adorable, magnifique, intelligente… Et je pourrais continuer encore longtemps comme ça.

C’était vrai, je pourrais m’amuser à décrire Auréa encore longtemps sans pour autant que j’arrive à dire ce qu’elle m’inspire réellement. Il fallait vraiment que je la présente à Rosalinda, il fallait qu’elles se connaissent toutes les deux même si je savais qu’Auréa n’avait pas beaucoup d’amies féminines, c’était comme ça apparemment mais Rosalinda était une personne importante pour moi et ça me semblait naturel de la présenter à la femme que j’aimais. La question de Rosalinda m’avait fait répondre en riant car je ne vois pas pourquoi je l’aimerais si elle me faisait du mal. Ca prouvait que Rosie se faisait du souci pour moi et je trouvais ça adorable, parler à quelqu’un était très difficile pour moi mais avec Rosie, ça coulait de source. On avait beaucoup galérer ensemble mais on s’était toujours soutenu, c’était sans doute pour ça que je lui faisais confiance comme ça. Je savais qu’elle me donnait du courage, rien que par ses blagues, ses sourires et son soutien. Je n’avais que peu d’amis comme elle et je voulais qu’elle sache que je serai toujours présent pour elle, que je ne pourrais pas la laisser seule dans une situation délicate et douloureuse mais je n’avais pas vraiment besoin de lui dire, elle le savait et tout était sincère entre nous.

Les lumières s'éteignaient doucement pour nous installer dans la pénombre, plusieurs bande d'annonces défilaient sur le grand écran mais je n'y prêtais pas réellement attention. J'étais content de la revoir, son rire m'avait manqué et on s'était trop éloignés tous les deux ces temps-ci, je refusais qu'on s'oublie tout simplement car j'avais besoin de Rosalinda, aussi bêtement que cela puisse vous paraître, elle me rendait plus humain, je me sentais humain avec elle, je n'étais plus le spécimen recherché d'Aprilia, je n'étais plus le tueur à gages sans sentiments, j'étais simplement Damon. Avec ses défauts, ses qualités et elle m'acceptait. Elle connaissait mon passé, elle connaissait ce que j'avais enduré et je savais tout ce qu'elle ne disait à personne que dans un simple regard, c'était une amitié qui tenait malgré les coups durs de la vie et qui rendait plus fort. Ca faisait du bien de se sentir totalement à l'aise avec quelques personnes. Je ne voulais pas que notre lien se froisse et je ne laisserais jamais personne briser tout ça. Son amitié m'était nécessaire.

Lorsque je parlais d’Auréa, je ne pouvais en parler comme si je parlais du temps ou du vent qui passe et qui s’en va. C’était bien plus profond que ça, c’était tout ce qui me rendait vivant à présent. J’étais complètement amoureux d’elle et je crois que je ne l’avais jamais autant été ou alors si mais de façon plus dissimulée. Elle me rendait vraiment heureux, je reprenais les forces que j’avais abandonné à chaque qu’elle me touchait, qu’elle m’embrassait ou que je l’admirais. Je commençais réellement à avancer, je sentais que l’ombre s’arrachait de ma peau. Ce n’était que lorsque j’étais seul avec moi-même qu’elle essayait de me reprendre pour m’étouffer mais les moments que j’avais passé avec Auréa me forçaient à ne pas abandonner encore une fois. J’avais trop souvent baissé les bras, j’avais perdu l’estime de moi-même. J’avais du chemin à faire avec Auréa, je voulais qu’on le traverse ensemble. Je n’avais pas la prétention de dire qu’elle avait besoin de moi, qu’elle devait m’aimer de la même façon que je l’aimais mais c’est cet amour que j’éprouvais pour elle qui me sauvait. Rien n’avait jamais été facile mais les choses avaient moins d’impact négatif depuis qu’Auréa remplissait mes journées, qu’elle me laissait l’aimer. Il arrivait qu’on ne se comprenne pas, Auréa était mon opposé mais c’était impossible que j’imagine, une quelconque séparation pour le moment. C’était un nouvel espoir pour moi. Ce qu’elle représentait n’était pas égalable.

- C'est vrai que ma question était stupide la, mais des gens peuvent être amoureux d'un connard ou une pétasse. Je suis contente qu'elle te fasse autant sourire alors. Si t'est heureux, je le suis aussi.


- C’est vrai, tu as raison mais tu sais, je suis pas ce genre de personne qui tombe amoureux de la première venue, elle me touche là où personne n’a su m’atteindre, tu vois… C’est assez naturel, c’est comme si mon instinct m’avait poussé vers elle. J’étais sûr que tu serai heureuse pour moi, tu partages toujours mes humeurs. Ca me fait du bien de me dire que tu sera toujours là et je suis là aussi tu le sais hein.

Je pensais chacune de mes phrases, la sincérité était une chose importante pour Rosie. Et je comprenais très bien pourquoi, les personnes qu’elle prenait pour ses parents lui avaient menti durant toute sa vie et même si c’était sûrement pour la protéger, ce mensonge avait poignardé son cœur de plein fouet, de façon violente et terriblement rapide. La confiance qu’elle avait entretenue avec ses tuteurs, c’était alors effondrée et elle n’avait plus personne, elle qui s’était toujours senti entourée. Je savais tout ça car j’avais été présent pour essuyer ses larmes. Je voulais qu’elle se réconcilie avec son passé, avec ses parents adoptifs car je savais qu’ils lui manquaient terriblement même si elle ne m’avouerait rien sur tout ça. Rosie était une personne forte, malgré les apparences, elle savait encaisser les coups et les rendre dans les cas extrêmes. Ca la rendait simplement malheureuse et je ne voulais pas, je m’étais efforcé d’être là pour elle, de l’aider à surmonter tout ça. Elle savait qu’elle pouvait débarquer chez moi comme elle voulait, ma maison était la sienne en cas d’urgence. Elle pouvait se vidait avec moi, je voulais qu’elle en soit sûre. C’était quand même de ma meilleure amie dont il était question. Je lui souriais sincèrement, j’avais du mal à savoir si tout se passait bien de son côté depuis quelques temps, elle s’était éloignée pour rester avec son amoureux comme j’étais resté, de mon côté, avec Auréa. C’était étrange comme on était en synchronisation par moment. L’amour nous était tombé dessus à peu près au même moment, moi un peu plus tard, si mes souvenirs étaient bons. Ils nous arrivaient souvent des choses au même moment et ça ne nous semblait pas étrange, on avait plus l’habitude d’en rire.

Les bandes d’annonce avaient fini de défiler et le film était en train de commencer, j’essayais de me concentrer entièrement sur le film. Je regardais attentivement les choses qu’il se passait et je me retrouvais assez vite captivé par l’écran, ce film me mettait directement dans l’atmosphère. Le film commençait assez brutalement, une femme était assise dans une chaise roulante et allait bientôt donner la vie. Seulement il semblait y avoir des complications assez importantes, elle perdait du sang et criait de douleur bien trop fort et trop vite mais on ne voit rien de ce qu’il se passe car des flashs d’une blancheur éclatante s’entrechoquaient pour nous faire ensuite la même femme, allongée et attachée aux barreaux du lit. Il était clair que le bébé était mort, que les complications qui s’étaient déroulées plutôt avaient mis fin à la vie du nourrisson. La mère à l’air complètement désespérée et cris en comprenant que son propre enfin est mort. Mais étrangement, le père arrive avec une caméra comme si elle était en train de mettre au monde l’enfant, c’était assez déstabilisant car on entendait l’enfant crier. Puis la sage-femme donne l’enfant à la mère et la félicite en lui annonçant qu’elle est maman d’une petite fille. Le visage de l’enfant est visiblement sanglant mais apparemment, c’était juste un rêve. J’aimais ce genre de film. Ils m’amusaient vraiment. Rosalinda avait dû prévoir que j’apprécierais ce film, elle connaissait mes goûts assez biens, je devais l’avouer.

- Alors, il te plait le début d'Esther ? Tu veras, la suite est encore meilleure.

- Ouais, trop. Mais dis-moi Rosie, t’es pas trop jeune pour ce genre de film ?

Elle chuchotait pour respecter les autres personne qui regardaient le film et je pouvais voir son sourire illuminait son visage dans l’obscurité cinématographique. Son expression me disait qu’elle se sentait bien à cet instant et j’en été content. La réponse que je lui avais donné était une provocation de ma part, je savais qu’elle allait vouloir me répondre du tac au tac et je trouvais ça marrant, elle se blottissait contre mon épaule, je la laissais faire et entourait ses épaules de mon bras. Il n’y avait rien de mal en ce geste, je savais que c’était de la pure amitié et de toute façon mon cœur battait déjà et ce n’était pas pour ma meilleure amie. C’était une étreinte strictement amicale, fraternelle. J’aimais qu’elle se sente protégée et tout le monde avait besoin d’un certain contact physique même si ce besoin était moins présent chez certaines personnes. Je connaissais Rosie assez bien pour être proche d’elle. Je voulais qu’elle se sente en sécurité, qu’elle sente que j’étais là et je ne la rejetterais jamais. Elle m’avait souvent sauvé des soirées remplies de drogue, d’alcool et des catins. Elle avait été là et j’étais resté chez moi tranquillement avec ma meilleure amie. Bien sûr, elle ne savait pas tout ce qu’elle faisait au quotidien pour moi mais je lui devais beaucoup de chose. Elle ressemblait à mes rires, à mon âme enfantine, ce qu’elle me donnait était un cadeau indescriptible et absolument magnifique. J’étais fier de l’aimer comme si c’était ma propre sœur, fier de cette confiance et de cette sincérité constante qu’il y avait entre nous.

Rosalinda A. Dantes a écrit:

- C'est ca la magie de l'amour mon petit. Tu verras, tout ne seras pas simple entre vous mais je suis sure que vous deux, ca vas durer. Que vous deux, même dans 50ans, vous vous aimerais comme au premier jour. J'en suis persuadée. Puis c'est pas sa le rôle d'une meilleure amie ? Etre toujours la et ressentir les mêmes humeurs, les mêmes envies, les mêmes désirs. Savoir toujours quoi répondre pour pas que l'autre sombre dans la déprime ? Et oui, je sais que tu seras toujours là pour moi, je t'en remercie d'ailleurs.

Ce qu’elle avait dit m’avait rendu perplexe car je ne pouvais rien affirmer, je ne pouvais pas affirmer que j’allais passer ma vie aux côtés d’Auréa même si c’est tout ce que je désirais à l’heure actuelle. Les deux fois où j’avais aimé sincèrement, on m’avait déçu et à force, je restais assez distant face à l’engagement. Le mot couple m’effrayait car c’était toujours lorsque je l’avais imposé qu’il avait tout brisé. Je ne voulais pas être le pantin de mes sentiments, je voulais réussir à les manier. Pourquoi les gens s’obstinaient à mettre des mots pour définir un lien alors qu’au fond ce n’était pas qualifiable ? Les émotions étaient vécues à l’intérieur, les mots n’étaient pas capables de décrire ce que nous ressentons, ils ne pouvaient pas être aussi forts et je trouvais les gens stupides pour vouloir comprendre à tout prix quelque chose qui était tout simplement naturel. La société s’engluait dans toutes sortes de complications, ils voulaient toujours trouvés la définition à l’incompréhensible, à l’indéfinissable et même s’ils ne réussissaient jamais, ils persévéraient inlassablement et ça me fatiguait. J’aurais aimé respirer, arrêté de me poser toute sorte de question inutile mais j’avais grandi avec cette société trop sûre d’elle, je n’étais donc pas franchement mieux mais je continuais à penser que tout ceci était stupide. L'humain était stupide tout en étant intelligent, c’était une bête curieuse, imprévisible et amusante. Au fond, tout le monde était pareil, on cherchait tous cette dose de bonheur infinie qui n’existait pas. On croyait encore aux utopies. Souffrir, rire, pleurer, aimer. Vivre. Voilà tout ce qu’il comptait et ce qui compte toujours.

J’avais connu beaucoup de femmes qui étaient restées une nuit, peut-être deux mais je passais dans leur vie comme une ombre, c’était juste question de me satisfaire, s’envoyer en l’air et oublier. Certaines avaient essayés de me recontacter mais je ne répondais jamais simplement car ça ne servait à rien de les faire espérer. Je ne les avais pas aimées pour elles, ces filles. Je les avais aimées pour leur corps, leur façon de me faire monter au septième ciel que par le sexe. La différence entre Auréa et elles était flagrante car je n’avais pas besoin de la déshabiller pour qu’elle me rende heureux, pour que je l’aime, que je l’adore. Je l’aimais tous le temps, je l’aimais chaque seconde. Il m’était impossible de voir quelque d’autre. Je me rendais compte que je devenais peut-être quelqu’un de bien. Je ne savais pas si j’étais en couple avec elle ou pas, je savais simplement que je l’aimais et qu’elle m’aimait. J’avais confiance en elle, en ce qu’elle me disait, en son cœur qui battait frénétiquement. Je me demandais si un jour j’arriverais à lui dire la vérité sur ce que j’avais fait, ce que je faisais. La drogue, les meurtres. Je savais que je risquais de la perdre mais je ne pouvais plus continuer à lui mentir de cette façon, je ne pouvais plus continuer. Non.

- Ouais, trop. Mais dis-moi Rosie, t’es pas trop jeune pour ce genre de film ?

- C'est sûre que si c'était l'âge mentale qui compte, il t'aurais direct refusé.

Sa remarque m’avait changé les idées encore une fois et je répondais simplement en riant de nos chamailleries. La plupart des choses que l’on se disait, on ne les pensait pas. Plusieurs personnes pensaient qu’on ne s’aimait pas tant que ça et pourtant Rosalinda était ma meilleure amie. Elle me faisait rire, j’aimais sa simplicité et la manière dont elle m’écoutait sans me juger, jamais. Je ne voyais pas sans elle par moment, je me disais que la vie avait bien fait de nous avoir lié d’une amitié aussi forte. Je savais qu’elle ne me trahirait jamais et je lui faisais confiance. Durant le reste du film, je pouvais entendre le rire de Rosie, la voir sourire ce qui provoquait le mien naturellement. C’était apaisant de la voir aussi détendue, aussi souriante. J’espérais que Benjamin la rendait heureuse, à première vue c’était un garçon bien. En tout cas de ce que je le connaissais, il m’avait paru très correct. Le film qu’avait choisi Rosie m’avait vraiment plu, les acteurs avaient réussi à posséder toute mon attention. Le film se terminait et les gens commençaient à se presser pour sortir mais Rosie et moi étions restés jusqu’à ce qu’il n’y est plus presque plus personne. Elle se redressait et se frottait les yeux, c’était mignon, on aurait dit une petite fille. Elle se recoiffait ensuite en s’étirant et elle m’offrait son sourire.

- Alors se film ? T'as aimé ou pas aimé ?
- Tu sais très bien que j’ai aimé. Il était génial ce film, merci de me l’avoir fait connaître.

Je me levais et elle se leva à son tour. Je la prenais dans mes bras en l’embrassant sur la tête. J’avais adoré passer cette après-midi avec elle, elle m’avait fait oublié certaines choses et elle m’avait manqué. On se dirigeait ensuite vers la sortie en discutant du film et du moment qu’on venait de passer. J’aimais beaucoup la présence de Rosie près de moi, elle me rendait mon enfance, c’était important pour moi de ressentir cette fraternité qu’on m’avait arraché et il fallait l’avouer, j’aimais énormément Rosie. On sortait du cinéma, je décidais de la raccompagner jusqu’à sa voiture. Je savais qu’on allait se revoir bientôt mais je n’avais jamais les séparations de ce genre, je n’aimais pas m’éloigner des gens qui étaient importants pour moi. Des personnes qui me faisaient changé d’air et elle en faisait partie.

- On se revoit bientôt hein ? Et cette fois, essaye d’arriver avant moi.

Je la taquinais une dernière fois avant de partir, elle me souriait, je lui rendais son sourire et elle entrait dans sa voiture. J’en faisais de même tout en espérant la revoir bientôt.