La soirée commençait à peine et Benjamin n'y croyait déjà pas. L'illusion était parfaite! C'était le même manoir que celui qui avait organisé un bal grandiose il y a peu, et qui s'adonnait cette fois à la saint valentin. Cette fête pourtant si commerciale, qui avait plus le don d'exaspérer Benjamin qu'autre chose, mais qu'il était heureux de partager cette fois-ci avec sa bien aimée. Rosalinda se tenait là, plus flamboyante que jamais; elle le frappait d'un tel éclat qu'il comprenait de moins en moins le manque de confiance en elle qui la rattrapait souvent trop vite.
Ses illusions imposait ses mirages sur ceux de Rosie, car sa nature de spécimen les rendaient plus pertinents. Sous son demi masque à plumes noires (avatar),en armonie avec son costume noir & or, il se demandait si sa bien aimée contemplait les mêmes choses que lui. Sûrement, car subjugué par les rideaux au plafond, virant de couleur au fur et à mesure que son étonnement s'accroissait, elle parut toute aussi étonnée lorsqu'un drapé noire vint s'écrouler sur eux avant de disparaitre en un souffle.
Dès lors, Benjamin prenait garde à ne pas insister son regard vers le plafond; ce n'était pas trop dure, il y avait plus passionnant à regarder... ses pupilles océans vinrent se plonger dans les iris noisettes de sa douce, traversant son masque. Un sourire s'esquissa sur ses fines lèvres lorsqu'il tendit la main en pensant très fort à une rose. Il voulait vérifier si Rosie pouvait ou non voir ce qu'il voyait. Si son imagination souhaitait entrer en contacte avec la sienne, son don lui permettrait sûrement de faire des petites merveilles.
Il tendit sa main vers le décolleter de la brune et se concentra avec grande attention sur ce qui devait apparaître. Ses prunelles se chlorent un quart de seconde, puis quand il reporta son regard sur sa main, il la vit; une magnifique rose, aux pétales dodus et d'un or flamboyant.

" La vois - tu?" Demanda le jeune homme.

Il ne pu retenir un large sourir satisfait face au regard étonné de sa belle. Délicatement, il la plaça dans une mêche de ses cheveux épais et ondulés, déclarant d'un ton malicieux:

" Ce n'est qu'illusion!" Il vint alors déposer un baiser sur ses lèvres pulpeuses, avec une infinie tendresse.

La salle commençait à se remplir et tous ces lutins qui dansaient vivement commençaient à lui donner le tournis. S'emparant d'une bouteille de champagne, il s'extirpa vers l'extérieur tout en attirant Rosalinda avec lui. Dehors, la vue du labyrinthe le submergea de frissons violent. Au loin, la brume du lac rendait le lieu digne des plus grands films d'épouvante. Une excitation se fit sentir dans sa voix lorsqu'adressant un regard complice à sa partenaire, il lui proposa:

"On va voir de plus près?"

Benjamin courait comme un fou, sautant par dessus les buissons, guidé par les cris de Rosalinda, jusqu' à l'apercevoir. Elle était entourée de statues, si réelles que Benjamin comprit aussitôt qu'il ne s'agissait pas d'une illusion, comme celle où il avait vu Léna. La peur l'envahit, celle qu'il lui arrive quelque chose de grave, il ne se le pardonnerait jamais. Lorsque les statues s'écroulèrent, il se jeta sur elle afin qu'elles percutent son dos et non sa bien aimée. Mais malheureusement, l'une d'elles avait percuté la jambe de la femme. A cet instant, Ben' se sentit vraiment très mal.

Citation :

- Tu crois toujours que c'était une bonne idée d'allez dans se labyrinthe ?

Que pouvait - il répondre à ces mots? Elle avait donné elle - même la réponse dans sa question non? Une mauvaise idée! En même temps, personne n'aurait pu croire un truc pareil! Des statues meurtrières pour la saint valentin, c'est vraiment un drôle de décor pour ce genre de fête. Le spécimen se sentit un peu honteux, il voyait bien que Rosie était énervée et elle avait raison de l'être. Pourtant, ce n'était pas la faute de Ben' non plus, il avait juste voulu casser la routine de toute ces party avec robes, cocktails, petits fours et tout ce qui s'en suit... jamais il n'avait souhaité lâcher sa main; peut - être que la malchance avait profité de son moment de panique lorsqu'il avait vu Lena se noyer... lui - même n'en savait rien.

Tout ce qu'il savait, c'est qu'une seule personne pouvait arranger ça sans trop d'efforts, et surtout en évitant tout scandale. Retraverser le labyrinthe, puis la salle de réception serait impossible pour l'humaine avec sa jambe dans un tel état. Etait- ce douloureux? Sûrement...
Benjamin était totalement ailleurs, il hésitait à appeler celle qui autrefois, habitait tout son être... celle qui, à ses côtés, c'était bruler les ailes dans ce lieu d'enfer, mais celle qui resterait à jamais sa plus grande complice. Voilà dès mois qu'ils s'étaient quittés en un adieu, pour quel sorte de goujat passerait - il en l'appelant si promptement après tant de temps et sans prévenir?
Son regard se posta sur la victime de son manque de vigilance et il n'hésita plus. Si elle gardait un peu d'amour pour le jeune homme, alors elle la sauverait!

* Jazz je t'en prie, j'ai besoin de ton aide.* *Jazz s'il te plait!*

Elle arriva, fidèle aux pensées qu'il lui transmettait, comme toujours. Cependant, il fut surpris de constater qu'elle y était toujours attentive. Toujours aussi belle, elle ne sembla pas fâchée, contrairement à Ben' qui affichait une mine cadavérique, plus que frustré de ce qu'il considérait comme un échec. Il ne s'en cachait pas, même si Jazzleen n'y prêtait visiblement pas attention. Avec tact et brillo, comme à son habitude, elle excella dans la mission que Benjamin lui avait confié. S'emparant de la jambe de Rosalinda, visiblement très affectée par la douleur, le spécimen observait la plaie se refermer petit à petit, jusqu' à ce qu'aucune marque de la blessure puisse être remarquée. Elle avait réussi, il en fut extrêmement soulagé, Rosalinda était désormais tirée d'affaire. Il se sentait tout de même gêné d'avoir demandé à une de ses exes de sauver sa nouvelle petite amie... c'est pourquoi il ne refusa pas la suggestion que Jazz fit siffler dans sa tête.

* Encore merci, elle compte tu sais!*
*J'ai remarqué, et moi? Dois - je disparaître à nouveau?*
* NON! Au diable notre pacte, je passerai à l'aube!*
* Merci Benjamin.*


Il ne pouvait pas la quitter de cette façon, pas après ce qu'elle avait fait pour lui et pour Rosie, pas si vite. Il saurait vaincre son attirance...
A présent, il se retrouvait seul face à celle qu'il avait offensée. La jeune humaine s'était hissée sur le rebord d'une fontaine, libérée de son mal.

" Je suis sincèrement navré."

Citation :

- C'est qui cette Jazzleen pour toi ? ... Si un jour tu la revoie, tu la remerciras de ma part.

C'est donc tout ce qui lui importait...? Benjamin se sentit bien mal à l'aise, mais il lui devait la vérité, il n'avait rien à lui cacher. Il avait aimé d'autres femmes avant Rosie, comme elle avait bien aimé d'autres hommes. Pourquoi se montrait - elle si rétissante face à lui? Il ne comprenait pas, ça aurait pu être lui à sa place! Mais elle n'avait pas vu ce que lui avait vu, elle ne pouvait donc pas comprendre et c'était bien dommage. Enfin, elle allait bien, c'était le principal pour Benjamin, mais quand même, il eut du mal à reconnaître sa rose dans tout ça.

" Pourquoi te montres - tu si agressive? Tu crois que je pouvais imaginer un truc pareil? Crois - tu que j'ai lâché ta main? ...Je remercierai mon amie à l'aube, je compte aller la voir."

Où étaient leurs promesses, Leur joie commune, Leurs projets dans tout ça? Le bellâtre commençait à penser que la soirée était définitivement gâchée pour lui et Rosie. Peut - être lui fallait - il un petit temps d'humanité pour reprendre ses esprits et se reposer après ce qu'elle venait d'endurer...

"Que veux - tu faire? Tu veux que je te ramène?"

Citation :

- Je suis pas agressive, mais c'est toi qui m'agresse ! Jamais je penserais sa, tu croit que je te fait pas confiance ou quoi ? Je crois pas que tu est lâché ma main, arrête de penser sa ! C'est complètement stupide ce que tu dit là ! Fait ce que tu veut, ou tu veut, je vais pas t'en empêcher, rassure toi.

Aucune réaction ne se lu sur le visage de Benjamin. Si elle prenait les choses ainsi, très bien.
Il ne comptait pas aggraver la situation en se lançant dans des réfutations inutiles. Cela ne ferait qu'aggraver la situation. Il la regarda un moment, étonné par la façon dont elle s'était exprimée,
ces manières ne lui ressemblait pas. Pour autant, Benjamin était un homme qui ne faisait jamais de scandale, il détestait ça. S'il mettait un proche en colère, il le laissait se calmer, ne disait rien. Cette façon de faire paraît souvent honorable, mais elle lui avait fait perdre un certain nombre d'amis. Jazz par exemple, elle n'avait pas supporté son manque de parole, ce qui avait causé sa perte.
Son regard se voila d'un voile de plus en plus sombre, ne laissant personne pénétrer dans ses émotions. A bout, excédé, il murmura tout bas:

" Si tu le prends ainsi..."

Mais Rosalinda s'était mise face à lui, il ne l'avait même pas remarqué, aveuglé par son voilage qui le plongeait dans un profond désespoir. Morose, il croisa son corps tenu droit face au sien, comme si c'était un signe d'insistance de la part de la jeune femme. Il daigna ensuite pencher son regard sur le sien, ne tentant même pas de deviner ce qu'elle pensait, de peur de donner raison à son mal - être. Totalement neutre, il ne prononça qu'un mot "bien.",montrant à Rosie qu'il obtempérait à sa demande. Se retournant, il marcha vite, souhaitant, au plus vite, ne plus avoir affaire à ce décor, et arriva rapidement sur le parking. D'un air non chaland, il ouvrit la portière du côté passager, puis la sienne. Il mit le contact et démarra l'engin, toujours aussi calme et renfermé dans sa neutralité. Il ne jeta aucun coup d'œil à sa passagère, comme il le faisait d'habitude; à la place, ses yeux dérivaient sa la vitre, contemplant le paysage. La nuit était bien tombée, elle n'était pas encore tout à fait noir, mais bien sombre. Une armorie parfaite se créait entre elle et le couple de Benjamin ce soir là: le gris. Comme toujours, il s'était laissé aller à la vitesse et repéra vite la résidence de sa compagne.
Il coupa le contacte, ce qui déverrouilla automatiquement la portière passagère.
Il la regarda enfin, assez tristement d’ailleurs, et lui adressa un demi sourire qui n’inspirait que le regret.


" Bonsoir Rosie." Conclu t'-il simplement lorsque qu'elle s'empara de la poignée.

( Sujet terminer )