C'était encore l'une de ces nuits d'insomnie, une nuit que je passais seule dans un endroit inconnu que j'avais choisi au hasard. J'étais seule sur le toit d'un immeuble, invisible grâce à mon pouvoir. Il m'était de plus en plus difficile de trouver le sommeil. Les cauchemars ne cessaient pas; Joe, ma sœur décédée, apparaissait dans chacun d'entre eux. Je revoyais la scène de sa mort, encore et encore, sans que je ne puisse rien faire pour l'arrêter ou la sauver. Chaque soir, chaque nuit, j'essayais de le faire. Je n'avais pas réussi lorsque cela comptait vraiment, mais à chaque fois que je revivais cette scène terrible, je tentais de faire quelque chose, d'arriver à temps, de dizaines de manières différentes. Mais j'échouais toujours, j'étais forcée de la regarder mourir. Je n'en pouvais plus, j'avais pensé qu'avec le temps, j'irais mieux, que la souffrance s'atténuerait; mais rien n'y fit. La douleur était toujours présente, déchirant mon cœur et mon âme. Je ne savais plus quoi faire pour oublier, pour continuer. Pourtant je savais que cette torture mentale n'était pas ce que Joe aurait attendu de moi. Elle aurait voulu que je continue ma vie, sans regretter autant le passé. Elle était la seule force qu'il me restait, le souvenir de sa présence à mes côtés était la raison pour laquelle j'étais encore en vie. J'étais une personne forte, je devais simplement retrouver ce courage que j'avais perdu. Il le fallait, c'était la seule solution.
Mes pensées se perdirent dans le vent froid de New York. J'avais choisi l'un des plus hauts immeubles, la vue que m'offrait ce lieu était magnifique, digne d'un paysage imaginaire que l'on crée dans un rêve. Je voyais des centaines de lumières, brillantes, chaleureuses, qui s'associaient aux étoiles. Le ciel noir était éclairé de celles-ci, par dizaines. La pleine lune ajoutait une touche de mystère à ce superbe décor. Afin de profiter encore mieux de ce spectacle unique, je m'allongeai sur le sol, le regard tourné vers la nuit. Je n'avais aucune idée de l'heure qu'il était, mais peu importait. Je savais que si je rentrais chez moi, dans ce pitoyable appartement, je serais obligée de fermer les yeux, de revivre à nouveau ce cauchemar qui me torturait l'esprit. J'avais froid, je ne portais qu'une petite robe noire, assez courte, que j'avais volé plus tôt dans la soirée grâce à mon pouvoir. Elle me rappelait l'une de celles de Joe, une robe qu'elle avait porté à l'une de mes soirées d'anniversaire. Je me raccrochais à ma sœur grâce à des petits détails, certes insignifiants pour certains, mais qui comptaient tout de même dans mon cœur. La caresse du vent sur ma peau blanche me faisait du bien, je me fichais du froid, il m'était agréable. Je me sentais légère et libre, j'aurais voulu que ce sentiment dure toujours. Lorsque je pensai à ma journée du lendemain, où je serais obligée d'aller travailler dans ce fast-food minable, mon cœur se resserra. Cette routine que j'avais installé dans ma vie m'exaspérait plus que tout, je n'avais qu'une envie; fuir pour ne jamais revenir. Cependant je savais que cela m'était impossible. Il fallait que je reconstruise ma vie, et j'avais choisi New York pour le faire. J'avais l'espoir de trouver un meilleur travail, un plus grand appartement, afin de pouvoir me construire une nouvelle vie, recommencer à zéro. De plus j'avais fait d'agréables rencontres quelques jours plus tôt, Auréa, Hell et Kasey. Je savais déjà que j'allais bien m'entendre avec elles, surtout Hell. Quelque chose dans sa personnalité m'attirait, elle était pétillante, charmante, électrique. Elle me plaisait déjà, même si je n'avais passé qu'une seule journée en sa compagnie.
Des bruits de pas interrompirent mes réflexions. Deux adolescents, une fille et un garçon, venaient d'arriver sur le toit, ils avaient peut-être quinze, seize ans. Ils s'embrassaient passionnément, croyant être seuls. Je n'avais aucune envie d'être témoin de la suite de leur soirée romantique, je décidai donc de partir, agacée. Je pris soin de ne faire aucun bruit, ils ne me voyaient pas mais je savais qu'ils pouvaient toujours m'entendre. Une fois en bas de l'immeuble, je cherchais un autre endroit où me rendre, quelque part où je pourrais être tranquille. Je me rappelais alors d'un parc que j'avais aperçu quelques semaines plus tôt. Je m'y rendis à pied, accompagnée de mon iPod. La douce voix du chanteur murmurait dans mes oreilles, j'avais choisi d'écouter quelques morceaux acoustiques des groupes de rock'n'roll que j'avais l'habitude d'écouter. Le son calme de la guitare m'apaisa, je me laissais aller au rythme de la musique, qui s'accorda aux battements de mon cœur. La musique avait prit une place très importante dans ma vie, elle me permettait de m'échapper, d'oublier le temps de quelques instants la triste réalité de ma vie.
Au bout d'une vingtaine de minutes de marche, durant lesquelles j'étais restée invisible afin de ne pas me faire remarquer, je retrouvais le parc en question. L'endroit était encore plus beau de nuit, la lumière des quelques lampadaires s'ajoutaient à celle de la lune. Une sorte de brume blanche s'était installée sur l'herbe fraîche, sûrement causée par le froid. J'aimais ce genre de lieu, semblable aux décors des films d'horreur; étrangement, je m'y sentais bien, à l'aise. J'éteignis puis glissai mon iPod dans ma poche afin de profiter du silence. Regardant autour de moi pour m'assurer que j'étais seule, je redevins visible. Je m'assis sur un banc, en face d'un petit lac où brillaient le reflet des étoiles. Je me rendis compte à quel point j'avais de la chance de pouvoir découvrir de tels endroits. Je détestais Aprilia pour tout ce que j'y avais enduré, mais je leur étais reconnaissante de m'avoir offert le don de me rendre invisible. Je pouvais aller n'importe où sans être vue, me faufiler dans des lieux interdits. À vrai dire, j'étais libre d'aller là où je voulais, dès que j'en avais envie.
Je me retournai afin d'admirer le parc. Les fleurs de printemps commençaient à embellir les arbres auparavant morts. La lumière se reflétaient dans leurs feuilles roses, cela me fit penser à un décor japonais. Le silence était troublant, cependant je l'appréciais car il m'offrait quelques minutes de calme. Alors que j'allais détourner le regard, j'aperçus une silhouette qui marchait en face de moi. Curieuse, je me rendis à nouveau invisible afin d'aller l'observer. C'était une jeune femme, aux cheveux bruns qui tombaient en cascade sur son dos. La lumière venait s'y refléter, les faisant briller. Elle semblait être très belle. Sa démarche était gracieuse, quelque chose en elle m'était familier, je ne savais pas encore quoi. Je m'approchai un peu plus, puis vins me placer en face d'elle. La jeune femme ne pouvait toujours pas me voir, mais je pus la reconnaître. Il s'agissait de Rosalinda Dantes. Je fus incroyablement surprise de la retrouver ici. Avant Aprilia, lorsque j'étais encore étudiante, elle avait été l'une de mes meilleures amies, ma confidente. En compagnie de Joe, elle était la seule sur qui je pouvais réellement compter. Une infinie de souvenirs vint assaillir mon esprit, je me rappelais de notre rencontre, nos fous rires, le jour où j'avais pleuré dans ses bras à cause d'une rupture, et où nous avions passé l'après-midi à regarder des films tristes en mangeant du chocolat. Chaque détail refit surface, chaque moment passé avec elle. Sans que je ne m'en rende compte, elle m'avait terriblement manqué. Elle avait été cette touche d'excitation qui me donnait une raison de me lever le matin. Rosie était toujours aussi élégante, divine, ses yeux verts pâles possédaient encore leur lueur qui m'avait tant intrigué autrefois. Je m'éloignai de quelques pas, afin de me rendre visible, puis j'allais à sa rencontre. J'avais très envie de lui parler, de plus je m'inquiétais de la savoir seule dans un parc, à cette heure si avancée de la nuit. J'étais légèrement stressée et nerveuse, car cela faisait très longtemps que je ne l'avais pas vue, de longs mois. De plus, j'avais perdu l'habitude d'aller parler aux gens, je m'étais beaucoup trop enfermée dans cette bulle protectrice dans laquelle je me retrouvais souvent seule. Serait-elle contente de me revoir ? Ou m'en voudrait-elle de n'avoir jamais essayé de lui donner des nouvelles ? Il fallait que je lui explique, j'allais devoir lui annoncer que Joe était morte, cependant je ne pouvais pas lui parler d'Aprilia. J'espérais qu'elle comprendrait mon silence. J'avais vraiment envie de retrouver cette complicité qui nous avait tant liées autrefois. En espérant ne pas l'effrayer, je posai délicatement ma main sur son épaule, en prononçant son prénom, afin qu'elle se retourne vers moi.

Le sourire de Rosie était magique, envoûtant, celui qu'elle m'adressa réchauffa mon cœur auparavant si froid. La revoir me faisait un bien immense, ce qu'elle semblait aussi éprouver. Elle m'enlaça; le fait d'être à nouveau près d'elle, dans ses bras, me rendit incroyablement heureuse. J'étais loin d'avoir réalisé à quel point elle m'avait manqué. Mon esprit avait été tellement éloigné de la vraie vie durant ces longs mois que j'avais simplement arrêté de penser à ce que j'avais vécu avant, aux bons moments où je n'avais été qu'une adolescente ordinaire. Je fus rassurée que Rosie m'accueille ainsi. Elle tenait donc à moi au point de ne pas me jeter la pierre à propos de mon absence. Je m'en voulais énormément de n'avoir jamais cherché à la contacter. Désormais, j'allais être présente pour elle, je me jurais d'être à nouveau à ses côtés, à condition qu'elle m'accepte à nouveau. Rosie avait été l'une de mes meilleures amies, notre séparation n'y changeait rien. Elle était probablement l'une des seules personnes qu'il me restait, je n'avais pas le droit de la quitter à nouveau. Elle ne méritait pas cela, sa gentillesse et son attention étaient exemplaires. Notre étreinte prit fin au bout de quelques instants. Rosie avait l'air très surprise de me revoir, ce que je compris, nos retrouvailles devaient être la dernière chose à laquelle elle s'attendait. Elle me fixait de ses petits yeux verts, dans lesquels je m'étais si souvent plongée. Je me souvenais de son regard comme si je ne l'avais quitté qu'hier. Son air innocent était toujours présent, tout comme son petit côté diabolique, qui s'exprimait par une étrange lueur dans ses yeux pâles.

Une question si simple, et pourtant à laquelle il était si dur de répondre. Mon absence avait été bien trop longue, je n'étais plus la personne qu'elle avait connu. J'avais changé du tout au tout, je m'en rendais compte. L'ancienne Lily aimait la mode, les sorties, s'amuser; elle passait tout son temps libre avec ses amis. Désormais j'étais une inconnue, une jeune femme enfermée dans sa bulle, effrayée par le monde, éloignée de la société depuis la mort de ma sœur et Aprilia. Ma vie a été entièrement retracée. Je ne savais que répondre. J'avais tellement de choses à dire, je devais trouver le courage et le moyen de le faire. Je n'étais même pas sûre de ce que je devais avouer ou non, je ne voulais pas impliquer Rosie dans mes problèmes, ou qu'elle soit au courant pour Aprilia. Mais je me devais de lui donner une raison, une excuse pour ces longs mois où je ne l'avais pas contacté. J'étais d'ailleurs surprise qu'elle ne m'en veuille pas énormément de l'avoir abandonnée, j'avais imaginé que si je la retrouvais un jour, elle ne voudrait pas me revoir.
Rassemblant mon courage, je proposai à Rosie de venir s'asseoir près de moi sur un banc afin que l'on puisse parler. Elle me suivit, tandis que je tentai toujours d'assembler mes idées, mon histoire. Je plongeai mon regard vers le lac présent en face de moi, dans lequel la lune se reflétait, nous éclairant de sa lumière chaleureuse. Je n'étais pas prête à parler, j'avais surtout envie que Rosie me parle d'elle, de sa vie, de ce qu'elle avait fait. Cependant je savais que cette conversation devait avoir lieu, ce n'était pas la peine d'essayer de la remettre à plus tard. Il fallait que je sorte de ma bulle, pour cela je devais commencer à m'exprimer. Rosie, comme tous mes anciens amis, n'avait jamais su ce qui m'était réellement arrivé. En effet, à mes douze ans, on m'avait diagnostiqué une maladie grave, qui était censée me tuer rapidement. Je n'avais jamais rien avoué à personne et Joe avait été la seule personne au courant, car je voulais avoir une chance de vivre une vie normale. Lorsque que ma sœur a réussi à trouver le moyen de me soigner, en allant à la rencontre d'un homme qui affirmait posséder un remède, elle fut tuée par ce monstre. Je m'étais ensuite retrouvée à Aprilia, où ma maladie avait disparu et où j'avais acquis le don de me rendre invisible. Je ne pouvais pas tout dire à Rosie. Je ne voulais pas qu'elle soit au courant qu'un centre aussi horrible et inhumain qu'Aprilia existait.

Elle me regardait toujours, l'air confus. Je ne savais pas si elle comprenait pourquoi je lui disais cela, j'essayais de lui cacher la vérité en utilisant des excuses. Auparavant, c'était à elle que je me confiais le plus, et désormais j'étais obligée de lui mentir. Je me sentais mal de devoir lui infliger cela. Une partie de moi avait simplement envie de tout lui dire, car elle méritait de savoir. Je décidai donc de lui en avouer plus. Je tenais vraiment à retrouver cette amitié unique que nous avions partagé, ce que je ne pouvais pas faire en basant notre relation sur un mensonge.

Parler de ces événements qui avaient changé ma vie était extrêmement difficile, même si c'était à Rosie que je me confiais. C'était la première fois que je les énonçais à voix haute. Ma voix s'était brisée peu à peu, une larme avait roulé sur ma joue, je n'avais pas réussi à contrôler mes émotions. Je savais que parler de tout cela serait dur, je savais que j'aurais à le faire éventuellement, mais je n'avais pas pensé que la blessure de mon cœur se rouvrirait autant. Mon esprit était uniquement orienté vers Joe, chaque seconde de chaque jour, et maintenant que j'évoquais sa mort, c'était encore plus dur. J'espérais que Rosie serait présente pour moi, malgré ce que je lui avais fait subir, car j'avais plus que jamais besoin de compagnie. Ma vie était devenue si fade, si noire, que je ne ressentais rien d'autre que la douleur et la souffrance. J'avais le besoin de m'exprimer, de tout sortir, de retrouver ma joie de vivre. Je venais de réaliser que le chemin serait désormais encore plus dur à traverser, mais j'avais franchi la première étape vers ma guérison.

Spoiler:

Rosie me prit dans ses bras, voulant me rassurer. J'étais tellement heureuse d'être avec elle, c'était la meilleure chose qui me soit arrivée depuis bien trop longtemps. Tout cela ressemblait à un rêve, une illusion. Si j'avais su quelques jours plus tôt que j'allais retrouver ma meilleure amie, je ne l'aurais jamais cru. Je devais reconnaître que la coïncidence était immense. Mais peut-être que finalement, ma chance commençait à tourner. Être dans les bras de Rosie m'apaisa, sa simple présence m'aidait à surmonter les événements, petit à petit. Je savais que si je restais près d'elle, tout finirait par s'arranger. J'en étais certaine.

- Je ne partirais pas loin de toi Lily, t'est ma meilleure amie. Je te l'ai promis et je te le promet une nouvelle fois : Je ne te quitterais jamais. Je suis désolée pour Joe .. sincèrement. C'était une fille bien, et je sais qu'elle t'aimait beaucoup. Sache qu'elle est morte pour te protéger, elle veut te savoir heureuse et non en pleure et malheureuse Lily. N'oublie pas qu'elle est toujours dans ton cœur, qu'elle ne te quitteras jamais grâce à sa.

Ses paroles étaient sincères, elles me rassuraient peu à peu. Rosie avait toujours su trouver les bons mots, elle me connaissait par cœur et savait comment me rassurer. Ce lien qui nous unissait était unique, indestructible. J'avais failli tout gâcher, j'avais été tellement égoïste en envoyant toute ma vie en l'air que j'en étais choquée. J'avais énormément changé, je m'en rendais compte désormais. J'avais honte de moi-même, de ce que j'avais osé faire. Rosie avait sûrement eu besoin de moi durant tout ce temps, et je n'avais pas été là, occupée à vivre seule dans ma bulle, à m'isoler de tout. Toutes les excuses du monde n'auraient pas suffit à exprimer à quel point je regrettais mes actions passées.
Je pleurais toujours, incapable de contenir mes émotions. C'était la première fois que je me laissais vraiment aller, peut-être était-ce parce que j'avais enfin réussi à parler de Joe, ou parce que j'avais retrouvé Rosie, celle en qui je voyais une véritable confidente. Rosie n'avait pas non plus réussi à retenir ses larmes, j'étais dans ses bras et nous pleurions, comme si nous espérions que cela nous permettrait d'avancer, d'oublier. Elle me regardait fixement, je me plongeai dans ses yeux pâles, obscurcis par ses larmes. Ma main dans la sienne, j'avais désormais la certitude qu'elle ne m'abandonnerait pas comme je l'avais fait. Jamais je n'oserais refaire cet acte horrible, je réalisais que Rosie était l'une des seules personnes sur qui j'avais toujours pu compter, elle était ma meilleure amie et je l'avais énormément blessée.

- Ne pleure plus, je t'en supplie Lily. Maintenant c'est fait et dit toi qu'elle continueras de veiller sur toi, de tout là haut. Maintenant, faut que tu continue d'avancer Lily, c'est ce qu'elle aurait voulue pour toi, crois-moi. Puis, je serais là.

Je savais qu'elle avait raison. Ses paroles étaient celles que je me répétais depuis des mois, j'essayais sans cesse de me convaincre que ce n'était pas ma faute si Joe était morte, et pourtant, je me sentais toujours coupable. Ce fardeau que je portais depuis maintenant trop longtemps était bien trop lourd pour que je puisse continuer seule, mais désormais Rosie était près de moi afin de m'aider. Je savais que je pourrais retrouver le courage que je possédais auparavant, peu à peu j'allais réussir à continuer à vivre, à profiter de la vie et de tout ce qu'elle pouvait m'offrir. Je devais le faire, pour Joe, pour Rosie, et pour moi-même. J'avais à ma sœur promit que je me battrais, il était temps de commencer à respecter cette promesse, elle le méritait. Essuyant mes larmes, je me relevai et souris à Rosie.

- Merci, Rosie.. Je te jure que je ne te quitterais plus. C'était une énorme erreur. J'aurais du rester près de toi.. Tu ne méritais pas ça. Tu es ma meilleure amie et je t'aime.

Je lui tendis la main afin qu'elle me suive. Il était tard, probablement minuit, peut-être plus. Je ne voulais pas rester assise toute la nuit sur le banc. Marcher m'aidait souvent à réfléchir, à me relaxer et à oublier le reste. La nuit et le parc nous offraient un paysage magnifique, je voulais en profiter. Cet endroit me rappelait un petit coin en forêt, où Rosie et moi avions l'habitude nous rendre autrefois. Je me rappelais parfaitement de ces après-midis, nous nous amusions à chercher des cabanes dans les bois puis nous les réparions, les décorions. Il s'agissait de nos endroits secrets, là où nous allions dès que quelque chose allait mal. C'était notre coin de paradis, dès que l'une d'entre nous ne se sentait pas bien et désirait s'isoler, nous choisissions d'aller dans la forêt, ainsi nous savions toujours où nous retrouver.
Rosie m'avait suivie et nous décidâmes de marcher quelques instants. Le temps était toujours aussi froid, mais cela ne me dérangeait pas. Ma meilleure amie semblait également apprécier ce paysage de rêve. Je la voyais regarder les arbres rosés, le lac dans lequel se reflétaient les étoiles, l'herbe fraîche et humide, les fleurs de mille couleurs. Durant quelques secondes, nous laissâmes le silence s'installer afin d'admirer encore mieux cet endroit. Je me rendis soudain compte que nous n'avions parlé que de moi quelques minutes auparavant. Je ne savais pas ce qui lui était arrivé durant tout ce temps où je m'étais absentée. Je décidai de rompre le silence afin de lui demander, je voulais vraiment savoir comment elle allait, j'avais terriblement envie de refaire partie de sa vie. Enthousiaste et assez excitée, je lui pris la main en souriant. Grâce à elle, je me sentais à nouveau capable de reprendre contact avec ceux que j'aimais, peu à peu. Je mis de côté la solitude, la souffrance et l'égoïsme afin de pouvoir retrouver ma meilleure amie, même si ce n'était que pour partager quelques instants de bonheur.

- Raconte-moi ce qui s'est passé depuis que je suis partie. Je veux tout savoir!