J'avais appelé Syd, avec un grand service à lui demander, je devais en effet me rendre dans les années 50, aussi fou que cela puisse paraître. Je m'étais rappelé plus tôt d'une conversation que j'avais eu avec ma mère, il y a maintenant quelques années.. Nous nous étions rendues dans le grenier de mon ancienne maison, à Londres, dans le but de ranger des vieilles affaires de famille. Je me rappelais avoir adoré cette après-midi, seule avec ma mère, on avait déterré toutes sortes de souvenirs dans ces boîtes en carton poussiéreuses. Dans l'une d'elles, nous avions trouvé une lettre de ma grand-mère que je n'avais jamais connu, adressée à ma mère, je n'avais pas comprit cette lettre à l'époque mais je me rappelais encore son contenu..

Malheureusement, ma grand-mère n'était jamais rentrée, nous avions apprit sa mort quelques jours plus tard.. J'y avais repensé car je pensais savoir ce que ma grand-mère voulait dire. Si cette chevalière avait des sortes de pouvoirs, ce dont je ne doutais pas, je pensais qu'elle pouvait m'aider à mieux maîtriser les miens, je ne savais pas trop, mais elle le serait sûrement utile. Mais puisque que ma mère ne l'avait jamais obtenue, je ne voyais qu'un moyen de la récupérer: la prendre directement à ma grand-mère.
J'avais fait mes calculs, ma grand-mère devait avoir une vingtaine d'années dans les années 50. Je savais que Syd était fan de cette période, il avait toujours admiré ce qui s'y rattachait. Je savais aussi qu'il avait le pouvoir de se rendre à cette époque, l'idée me frappa en un éclair. Je lui avais demandé, bien entendu il avait directement accepté, je partis à sa rencontre, habillée telle une femme des années 50. Ma robe noire était plus longue que d'habitude, je n'y étais pas habituée mais j'appréciais ce changement. Je n'avais jamais passé autant de temps à me coiffer, mon rouge à lèvres était osé mais commun à cette époque. Syd avait un petit air de James Dean, il était vraiment charmant habillé de la sorte, plus que d'habitude.
Bien entendu je n'avais jamais fait de voyages dans le temps, j'étais un peu nerveuse à l'idée de me retrouver soixante ans plus tôt, mais Syd me rassura, comme d'habitude sa présence avait un effet appaisant sur moi, sa main dans la mienne était douce et froide. Je décidai de garder mes yeux ouverts afin d'apprécier le voyage, d'un seul coup tout le décor devint flou et se perdit dans des millions de couleurs, je ne bougeai pas, j'étais éléctrisée par ce qui se passait autour de moi. Syd était entièrement concentré, je le sentais, il me serrait un peu plus la main, comme s'il avait peur que je me perde dans le temps. Le voyage n'avait duré que quelques secondes, nous étions désormais dans les années 50, c'était magique. Jamais je n'aurais imaginé vivre une expérience pareille, j'étais toute excitée d'être là, j'observai chaque passant, chaque coin de rue et chaque détail, je voulais tout retenir, ne rien oublier de ce séjour magique. Syd devait être encore plus fou que moi, il avait prit avec lui un appareil photo, ce qui ne m'étonna pas du tout, Syd était un grand passioné et je savais qu'il voudrait aussi se rappeler de tout. J'admirais sa passion.
Il m'entraîna dans un café, c'était exactement comme je l'imaginais, les murs rouges et le jukebox, c'était tellement étrange de voir tous ces gens habillés ainsi, j'avais l'impression de vivre un rêve, cela ne me semblait même pas réel tellement c'était fou. Nous nous installâmes et commandâmes des gauffres à la chantilly, je n'en avais jamais goûté mais j'étais prête à tout essayer, prise dans la folie du moment. C'était magique ce que nous vivions, unique et complètement surréel. Syd passa Heartbreak Hotel au jukebox, j'adorais cette chanson, je savais l'histoire qu'elle cachait pour lui.. C'était en rapport avec Auréa. Je ne tenais pas à m'aventurer sur ce sujet, de toute façon j'étais tellement folle que je n'osais même pas parler. Les yeux de Syd brillaient d'excitation, les miens aussi, on collait parfaitement au décor, je n'en revenais toujours pas. Je n'avais jamais été aussi heureuse.

Je savais parfaitement ce qu'il ressentait, il avait toujours admiré ces années, tout cela le fascinait, il réalisait un rêve. J'étais tellement contente qu'il soit heureux ainsi, cela me faisait tellement plaisir de le voir sourire, des étoiles dans les yeux, on aurait dit un enfant qui découvre un jouet et qui ne veut jamais arrêter de jouer avec. J'étais également ravie d'être avec lui alors qu'il réalisait son rêve. Je goûtai la gauffre, c'était excellent. Je souris.

Je n'avais aucune idée de l'endroit où était ma grand-mère, en fait je n'y avais même pas pensé. Je ne savais pas grand chose d'elle, ma mère ne m'en avait pas souvent parlé.. Je réalisai que ma grand-mère, dans ce monde, était vivante et jeune, elle avait mon âge, j'en étais toute retournée. C'était vraiment une sensation étrange de venir du futur ainsi, d'aller à une époque que nous n'avions pas connu.