Une profonde nostalgie s'était emparée de moi cet après-midi là. Des dizaines de souvenirs lointains avaient refait surface. Je ne savais pas pourquoi certains endroits, certaines phrases, certains regards étaient revenus à moi d'un seul coup. Il s'agissait de pensées que j'avais souvent essayé d'effacer de ma mémoire. Malheureusement, certains moments de la vie ne peuvent pas se déchirer si facilement. Dieu seul savait à quel point j'avais tenté. Le souvenir de cet homme m'avait anéantie si brusquement. Son regard, ses yeux bleus pâle dans lesquels je m'étais si souvent noyée, ses paroles si douces et sa présence si rassurante. Tout m'était revenu d'un seul coup, comme si cela s'était terminé hier. Les moments que j'avais passé avec lui avaient été si beaux, si tendres, si magiques. Était-ce un rêve ? Peut-être que cette magnificence avait été trop belle pour être vraie. Peut-être aurais-je du me douter que cela finirait un jour. Les histoires d'amour n'ont jamais de belle fin. C'est pourquoi je ne l'avais jamais recherché, j'avais peur de souffrir, même si c'était dur de me l'avouer. Je savais parfaitement qu'une passion si grande et si forte ne durait jamais bien longtemps. Et pourtant, j'avais laissé mon bonheur prendre le dessus de ma peur. J'avais laissé mon amour pour lui guider ma vie, mes envies. Une énorme erreur. À quoi cela m'avait-il menée ? Je lui avais offert mon cœur, je l'avais placé entre ses mains protectrices, et il l'avait brisé en mille morceaux. Il possédait une partie de moi, volée, que je ne récupérerais jamais. J'aurais du me fier à mes instincts, j'aurais du écouter ma tête et non mon cœur. La recherche de l'amour est vaine; même si de magnifiques moments, de parfaits souvenirs en ressortent, au final la douleur et la peine les effacent. Il était l'un des deux seuls hommes que j'avais vraiment aimé. J'étais toute à lui, je m'étais confiée à lui comme avec personne, et même si ses sentiments étaient réciproques, il m'avait abandonnée, je m'étais retrouvée complètement seule. Seule face au monde. Notre séparation m'avait énormément affecté, une partie de moi-même ne s'en était jamais remise. Je le détestais de m'avoir infligé cela, et pourtant, au fond de moi, cet amour et cette passion étaient toujours intacts. De nombreuses aventures d'un soir n'avaient pas réussi à faire disparaître ces sentiments. Je l'avais évité, tenté d'oublier, j'avais tout fait pour ne plus penser à lui, mais en vain; car à chaque fois que j'essayais, je ne pouvais pas m'arrêter de penser qu'il était fait pour moi. C'était un sentiment trop fort pour être anéanti, et pourtant j'avais essayé avec acharnement de le détruire. Pour l'oublier. Pour oublier son visage, ses mots, son corps, son nom. Aleksandr Ivanov.
Il était revenu, comme pour hanter mon esprit, chacune de mes pensées se dirigeaient vers lui, j'avais l'impression que ma tête allait exploser. Même si je pensais parfois à lui, ce n'était jamais aussi fort. C'était comme si j'étais sur une montagne russe qui refuserait de s'arrêter. Chaque objet que je voyais me rappelait un souvenir de lui. J'avais l'impression de devenir folle. Pourquoi était-il encore là ? Pourquoi m'avait-il infligé cela ? M'avait-il vraiment aimé pour me faire souffrir ainsi ? Je n'en pouvais plus de rester dans mon appartement. Je revoyais des dizaines de moments romantiques partagés avec lui. Énervée, je décidai de sortir. J'attrapai mon sac avant de m'échapper en claquant la porte. Je ne savais pas du tout où j'allais me rendre, j'avais juste besoin de prendre l'air, de marcher et de me calmer. Malheureusement, les foules étaient omniprésentes à New York, cette ville était loin d'être l'endroit idéal pour un moment de détente. La vue de certains couples ne m'aidait pas à me relaxer. Cela ne faisait qu'empirer les choses de voir des gens heureux, je n'avais qu'une envie, leur crier que tout cela finirait mal. Que leur idylle prendrait vite fin, que leur passion se consumerait dans des flammes dévastatrices, que la douleur les anéantirait de plein fouet. Cela ne valait pas le coup de commencer une grande aventure, car elle se finirait mal. Soulagée, j'aperçus un bar au bout de quelques minutes de marche. Je n'avais pas pour habitude d'y aller en pleine après-midi, mais peut-être que l'alcool m'aiderait à oublier. À l'oublier. J'entrai, m'installai puis demandai une vodka au barman. Le bar était presque vide, il n'y avait que trois ou quatre personnes, moi comprise.

- C'est à cause d'un homme ?
- J'aimerais que ce ne soit pas le cas.
- C'est toujours le cas.
- Ouais.

Je n'étais pas du tout d'humeur à parler, ainsi je me déplaçai un peu plus loin. C'est seulement au bout de trois vodkas que je me décidai enfin à sortir. L'alcool m'avait un peu aidé, je ne pensais plus beaucoup à lui, même si l'attaque de ses souvenirs n'allait pas prendre fin si facilement. Je me demandais vraiment pourquoi cela était arrivé ce jour-là, pourquoi je n'avais pas été capable d'arrêter de penser à lui. Cependant je ne cherchais pas à comprendre, car je devais me ressaisir. Je n'étais pas le genre de femme se laissant torturer par un homme. Peut-être l'avais-je été auparavant, mais notre séparation m'avait changée. J'étais forte et je devais me le prouver.
Agacée, je me souvins que j'étais censée retrouver une amie pour l'une de nos soirées poker. Je rentrai chez moi puis me dirigeai vers mon armoire afin de choisir ma tenue. Cherchant une robe convenable, pas trop provocante, ce qui était assez dur pour moi, je finis par en trouver une superbe. C'était une robe bustier, dont le haut était blanc et où se trouvait un nœud dont la couleur dorée s'accordait parfaitement avec le bas du vêtement. Elle était légèrement volante et faisait un peu trop sage à mon goût, mais peu importait. Je laissai mes cheveux libres puis enfilai des escarpins dorés et me remaquillai, avant de reprendre mon sac et de repartir. J'appelai un taxi, et j'arrivai au bout de quelques minutes chez mon amie. Je n'étais pas très enthousiaste à propos de cette soirée, car j'avais besoin de solitude. Cependant je me forçai car il s'agissait de l'une de nos petites traditions.
J'étais en avance, je devais donc être la première sur place. Arrivée à la porte, je sonnai afin que mon amie vienne m'ouvrir. Cependant ce n'était pas elle qui vint à ma rencontre. Il s'agissait d'un homme, mais pas n'importe lequel; j'aurais reconnu ses yeux bleus n'importe où, il avait ce même sourire en coin que j'avais tant aimé. Aleksandr.
J'avais tant de mal à y croire que je crus d'abord être endormie, peut-être dans un rêve. Ou bien peut-être que j'avais bu bien plus de vodkas que je ne l'avais cru. Mais il était vraiment là, debout en face de moi, me fixant et me souriant. Je ne sus comment réagir. J'étais divisée entre deux envies, sans savoir laquelle était la plus forte. Je voulais l'embrasser, lui avouer à quel point il m'avait manqué, et rester avec lui aussi longtemps que je le pouvais. L'espace d'un instant, j'éprouvais à nouveau ce désir pour lui, cette passion intense. Mais d'un autre côté, je voulais le faire souffrir autant qu'il m'avait fait souffrir, avoir une chance de briser son cœur comme il avait brisé le mien. Je ne savais pas du tout quoi faire. Pourquoi était-il là, en face de moi, le même jour où j'avais tellement pensé à lui que j'avais cru en devenir folle ? Était-ce une simple coïncidence ? Des dizaines de questions vinrent torturer mon esprit, et chaque pensée, chaque souvenir que j'avais presque réussi à effacer plus tôt réapparurent. J'étais torturée par ce terrible dilemme, le rejeter ou le supplier de me garder à ses côtés ? L'effacer de ma vie pour toujours ou avoir une chance de tout recommencer ?
Ces réflexions n'avaient duré qu'une seconde. Il m'avait tellement surprise, que je ne pris pas le temps de faire un choix, je décidai d'agir à l'instinct, improvisant chacun de mes gestes. Je n'avais aucune idée d'où cela allait me mener. Je savais juste que je devais agir, je voulais pouvoir décider de la suite des événements, c'était à mon tour de jouer.

- Alek.. Qu'est-ce que tu fiches ici ?

Je ne lui laissai pas le temps de répondre. Lui attrapant le bras, je l'attirai dehors en claquant la porte, peu importait mon amie qui m'attendait à l'intérieur. Je voulais savoir pourquoi il était là, chez elle, ce jour-là. L'avait-elle invité ? Il semblait confus et me fixait toujours, certainement en quête de réponses. Je ne pus m'empêcher de remarquer à quel point il était toujours aussi beau, séduisant et charmant. Ses vêtements le mettaient extrêmement en valeur. Il n'avait pas eu l'air surprit en ouvrant la porte, j'en conclus qu'il savait déjà que j'allais être là. Était-il venu pour tenter de me récupérer ? Je le regardais droit dans les yeux, et je me rendis compte que je tenais encore sa veste, cependant je ne la lâchais pas, comme si une part de moi voulait s'assurer qu'il n'allait pas à nouveau fuir. J'attendis qu'il réponde, refusant de parler avant lui. J'avais mérité de le questionner la première.

Spoiler:

- Je pourrais te retourné la question tu sais ... Toujours aussi élégante à ce que je vois …

Sa réponse n'avait aucun sens, il savait que j'allais me rendre chez mon amie, autrement il n'aurait pas été présent dans l'appartement à m'attendre. Il devait être confus de se retrouver face à moi, après tout ce temps, tout comme je l'étais. Nous partagions un moment intense mais étrange et mystérieux, car la suite des événements était totalement imprévisible. Je ne savais pas si j'étais heureuse ou non de le retrouver ainsi, il m'avait prise par surprise. Ma question avait du le dérouter, peut-être s'était-il attendu à ce que je lui saute au cou ? Même si j'en avais terriblement envie, je me retenais car je ne voulais pas être à nouveau blessée, désormais j'étais une femme différente, il m'avait changée. La peur d'être à nouveau abandonnée m'effrayait plus que tout. Je décidai de lâcher son bras, j'étais pratiquement sûre qu'il ne partirait pas, puisqu'il était venu pour moi. Le compliment qu'il venait de me faire n'arrangeait pas les choses, j'étais de plus en plus torturée, le désir que j'éprouvais pour lui était de plus en plus fort. Je voulais lui avouer à quel point il m'avait manqué, lui dire que lui aussi était séduisant, l'embrasser, le retrouver, l'aimer. Mais je ne pouvais pas, et je ne le laisserais pas le faire non plus, c'était bien trop dur pour le moment. C'était impensable, il m'était impossible de le traiter ainsi après ce qu'il m'avait fait endurer. J'allais juste laisser cette envie me brûler de l'intérieur, malgré la douleur que j'éprouvais. Peut-être que si mon cœur s'arrêtait, cela serait moins douloureux. Pourquoi était-il revenu ?

- Ton amie m'a secouru en quelques sortes …

Il avait vraiment l'air différent, comme si quelque chose le rongeait de l'intérieur. C'était étrange, je ne l'avais jamais vu ainsi, j'aurais presque cru qu'il.. Qu'il souffrait. Une certaine lueur dans ses yeux pâles s'était éteinte. Il semblait moins sûr de lui, perdu dans ses pensées. Son sourire ne semblait pas aussi sincère qu'il voulait le faire croire. Peut-être que malgré notre séparation, malgré le fait qu'il m'ait abandonnée, il m'aimait toujours.. Peut-être lui avais-je manqué comme il m'avait manqué. Je me rendis compte que je n'avais pas comprit ce qu'il venait de dire, pourquoi l'avait-elle secouru ? Que lui était-il arrivé ? J'eus envie de lui demander, mais je me retins, je ne voulais pas qu'il pense que je m'intéressais toujours à lui, même si c'était toujours le cas. Je jouais la carte de l'indifférence et de l'ignorance afin de mieux comprendre ses intentions, ses pensées, ses sentiments. Je ne savais toujours pas pourquoi il était là, pourquoi il voulait me voir, s'il m'aimait encore ou non. Toujours les mêmes questions, sans aucunes réponses. Toujours le même silence, la même souffrance, la même attente.

- Tu sais pourquoi je suis là, et tu savais que j'allais venir, autrement tu ne m'aurais pas attendue, ou tu aurais eu l'air surprit. Tu ne m'as pas répondu, pourquoi es-tu là ?

Je devais avoir ces réponses, cela faisait trop longtemps que je les attendais. Il me devait la vérité et je ne partirais pas sans l'avoir. Il n'avait pas le droit de fuir à nouveau, sans me parler, sans m'expliquer. Je refuserais de le laisser faire, je le retiendrais près de moi jusqu'à ce que je sache enfin, j'en avais besoin. Je ne voulais pas avoir cette conversation dans le couloir d'un immeuble, ainsi je l'attirai vers l'extérieur sans prendre la peine de prévenir mon amie. J'étais en colère contre elle pour l'avoir invité, même si je savais que ce n'était pas sa faute. Elle ne le connaissait pas, ne savait pas que j'avais eu une relation amoureuse avec lui. Je cherchais juste quelqu'un à blâmer. Nous sortîmes, il me suivit jusqu'à un banc où je m'assis. Il me rejoignit, j'attendais toujours qu'il me réponde. Je le fixais en l'attendant, me plongeant dans l'océan de ses yeux.

- A vrai dire … Il y a quelque seconde à peine je t'aurais répondu , pour toi maintenant je ne sais plus , je … Je ne sais pas Kasey , j'avais juste … Pourquoi te faut-il toujours une raison , qu'importe la raison , l'essentiel c'est que je sois là non ? Je suis prêt à répondre les questions qui t'ont sûrement tourmenté pendant des années ?

J'étais plongée dans son regard azur et il était plongé dans le mien, j'avais de plus en plus de mal à résister à la tentation, à mon désir de le retrouver. Je me sentais seule, trop seule, depuis le centre, depuis que j'étais repartie pour l'Angleterre. Peut-être avais-je simplement besoin d'être aimée, et Aleksandr était revenu juste à ce moment-là. C'était comme s'il avait su, mais il n'avait en aucun cas l'intention de m'offrir ce dont j'avais besoin. Je ne comprenais pas ses paroles, je n'arrivais plus à lire en lui comme je le faisais auparavant. J'avais l'habitude de le connaître par cœur, désormais il était différent. Quelles étaient ses intentions ? Il disait vouloir me répondre, dans ce cas-là pourquoi ce silence ? Il me rendait encore plus confuse que je ne l'étais déjà, j'en arrivais presque à croire qu'il aimait jouer avec moi, à me faire tourner la tête jusqu'à ce que je ne sache plus où j'en étais. Les rôles étaient inversés, habituellement c'était moi qui agissait ainsi. Je me sentais mal d'être la plus faible, je n'étais pas dans mon élément, je détestais le fait de ne plus comprendre. Je devais réussir à le cerner, il n'était plus du tout le même homme. Tout comme je n'étais plus la femme qu'il avait aimé.
D'anciens souvenirs de lui, de nous, continuaient d'affluer dans mon esprit. Je n'avais jamais comprit pourquoi il avait décidé d'en finir, je n'avais jamais réellement su si tout cela n'avait été qu'un jeu pour lui. Je m'étais tellement habituée à le détester depuis qu'il m'avait quitté que je ne savais plus quoi penser, cette haine disparaissait peu à peu depuis que j'étais en face de lui. La limite entre l'amour et la haine était bien trop fine pour pouvoir savoir lequel de ces deux sentiments dévastateur avait prit le dessus. Souvent, lorsque je marchais dans la rue, je croyais le voir et mon cœur s'accélérait, plusieurs scénarios de retrouvailles se créaient dans mon esprit. Mais ce n'étaient que des rêves, ou peut-être des cauchemars. La pression et le stress étaient trop forts, je ne savais que faire, je n'avais pas répondu. J'aurais voulu lui hurler qu'il avait gâché ma vie, que j'aurais aimé ne jamais le rencontrer; mais aussi que je l'aimais peut-être toujours, que je voulais le retrouver. J'avais des milliers de questions à lui poser, je n'arrivais pas à parler. C'était comme si j'étais devenue soudainement muette, aucune parole ne pouvait traverser mes lèvres. Je voulais pleurer, mais je retins mes larmes; je ne voulais pas qu'il voit à quel point j'étais confuse à cet instant. Malheureusement une larme roula sur ma joue, je la fis disparaître assez vite mais il avait eu le temps de la voir. Son comportement changea encore en quelques secondes, il passa d'adorable à méprisable.

- Arrête de pleurer ! Si tu pleurs , tu es faible hors tu ne l'es pas lève toi de ce banc immédiatement !

Je fus choquée de ses paroles. C'était comme s'il était devenu une autre personne. S'amusait-il vraiment à jouer avec mon esprit ? Il avait réussi à me perdre encore plus. Nous avions été si proches, si reliés, désormais un immense trou noir s'était installé entre nous. Comment en étions-nous arrivés là ? Que pouvais-je faire pour réussir à le comprendre, pour le faire parler ? Je ne savais toujours pas quoi dire, je décidai de rester silencieuse, attendant de voir sa prochaine réaction. Quelques secondes de silence s'écoulèrent, puis il me tendit la main. À nouveau, je ne compris pas son geste. Qu'attendait-il de moi ? Je me levai, sans accepter son aide. J'hésitai quelques secondes, le regardant toujours. Il attendait sûrement que je prenne la parole, cependant je n'en étais plus capable. J'avançai de quelques pas dans la direction opposée, comme si j'avais besoin d'être seule pour réfléchir, me remettre des émotions de cette soirée. Tout cela était tellement étrange que je me demandais si je n'étais pas à nouveau dans l'un de mes rêves. Alek s'approcha de moi, j'entendis ses pas; il posa sa main sur mon épaule. Peut-être que ce jeu allait durer longtemps, je n'en avais aucune idée. Si cela me permettait de rester à ses côtés, j'aurais accepté de jouer. Le contact de sa peau sur la mienne m'embrouilla encore plus. Confuse, j'agis sans réfléchir et plaçai ma tête contre son torse, il me prit dans ses bras. Cette étreinte me rappelait tellement le passé.. Si j'avais eu la chance de faire demi-tour, je n'aurais pas hésité une seconde. J'aurais changé les événements, faisant tout pour rester près de lui.

- Ça va aller Kasey , ça va aller.

Il recommençait. Il était de nouveau aimant et compréhensif, pourquoi agissait-il ainsi ? C'était comme si j'avais affaire à deux personnes totalement différentes. Le fait d'être si près de lui m'apaisait, je me calmais, lentement mais sûrement. J'aurais voulu stopper le temps afin de rester pour toujours dans ses bras. Malgré son étrange comportement, je me sentais en sécurité, comme si je savais qu'il ne me ferait pas de mal. Qu'il n'oserait pas me refaire souffrir autant qu'il l'avait fait. Je savais pourtant que j'allais devoir vivre avec cette douleur toute ma vie, qu'elle ne s'effacerait jamais vraiment. Que malgré ce que j'éprouvais toujours pour lui, je ne lui pardonnerais jamais entièrement.
Durant un court instant, que je savourai du mieux que je pus, il posa ses mains sur mon visage, amplifiant mon désir et ma passion. Cependant, il les ôta très tôt, trop tôt. Il semblait gêné, embarssé. Il allait prendre la parole. Ne le quittant pas des yeux, j'attendis. Je ne savais pas comment il allait réagir. Deviendrait-il à nouveau agressif ? Ou allait-il enfin me dire toutes ces paroles que j'attendais depuis si longtemps ?

- Kasey , sache que je suis sincèrement désolé d'avoir rompu mais je n'étais pas une personne pour toi , je ne le suis toujours pas. Avec moi tu n'aurais eux aucun avenir si ce n'est la peur , l'appréhension , le dégout. Je ne cherche pas d'excuse à mes paroles , à mon acte , je n'en n'ai aucune mais c'est ainsi. Et pleurer notre passé ne le fera jamais revenir. Tu sais … Je t'ai vraiment aimé , je ne pensais pas ça possible mais ce le fut et je t'en remercie sincèrement Kasey … Le temps est révolue , je ne suis plus celui que tu as connus , je ne suis plus l'être que tu as pus penser aimer Kasey tu comprends. Désormais tu ne me reverras plus. Il va se passer des choses partout dans le monde , des événements tragique mais surtout ne t'en inquiète pas , tu ne risqueras rien , c'est une promesse , une promesse que je me devrais de tenir pour toi , pour moi , Adieu Kasey …

Au fur et à mesure de ses paroles, je sentis la déchirure de mon cœur s'ouvrir de plus en plus profondément. Je ne comprenais pas pourquoi il voulait partir, alors qu'il venait de me retrouver. Pouvait-il être vraiment désolé, s'il me faisait souffrir ainsi ? J'avais cru à ses mensonges, je ne savais même pas si je devais le croire. M'avait-il vraiment aimé, ou est-ce que cela n'avait été qu'un jeu pour lui ? J'avais l'impression d'être une marionnette qu'il manipulait selon ses envies. Je détestais cette sensation, je devais reprendre le dessus; il m'avait à nouveau changée et je ne me sentais plus moi-même. Il ne savait rien du futur, il fallait le vivre pour le connaître. J'avais remarqué qu'en effet, il était différent, mais était-ce une raison valable pour à nouveau tout envoyer en l'air ? J'étais énervée désormais, sa promesse était stupide; s'il ne restait pas près de moi, comment pouvait-il savoir que rien ne m'arriverait ? Je ne supportais plus ces paroles, je voulais lui hurler de se taire, mais je n'en eus pas le temps.
Alek déposa un baiser sur mon front, un baiser d'adieu. Je n'en avais pas envie, mais je profitai de cet instant, tentant de me calmer. Il jouait avec mes sentiments, pourquoi semblait-il si sûr de lui, alors que mon cœur lui-même ne savait pas comment agir ? Lentement, il glissa quelque chose dans la poche de ma robe.

- Prend bien soin de toi , oui prend soin de toi.

Plongeant ma main dans ma poche, j'attrapai ce qu'il y avait glissé, sans faire attention à ses paroles. C'était une photographie de nous deux, du temps improbable où nous étions heureux. Ce temps qui avait existé, bien que j'avais désormais du mal y croire. Je me rappelais du jour où nous l'avions prise, nous étions dans un parc, le soleil brillait de mille feux. Le parc possédait un petit lac près duquel nous nous étions allongés, en restant des heures main dans la main. J'eus à peine le temps de la regarder, avant de le voir partir. Sans même m'accorder un regard, il fit demi-tour et s'éloigna. Je n'osais toujours pas y croire, pourquoi agissait-il ainsi ? Venir à ma rencontre pour me quitter à nouveau, lâchement, était-ce son intention ? Était-il revenu dans ma vie pour me détruire encore plus, alors que je commençais à avancer ? Peut-être pensait-il qu'il allait s'en tirer comme cela, qu'il pourrait juste partir, mais je l'interdisais. Je refusais de le laisser m'abandonner à nouveau. Je ne méritais pas cela, il n'avait pas le droit de me blesser ainsi. Quelques minutes plus tôt, j'étais redevenue une enfant, qui croyait aux contes de fées, j'avais espéré qu'il reviendrait et que cette fois, il resterait. Désormais, je reprenais le dessus, je redevenais moi-même. Il me quittait, me forçant à le regarder s'éloigner une deuxième fois. Comment osait-il ? Il reproduisait la même erreur, seulement je n'allais pas le laisser faire.
Je l'appelai, mais comme je m'y étais attendue, il ne se retourna pas. Sans trop d'espoir, je recommençai, en vain. Je me mis à courir pour le rattraper. Une fois arrivé à son niveau, je lui attrapai à nouveau le bras. Sans même se retourner, il m'écarta en continuant à marcher, je me plaçai en face de lui. Il s'arrêta, refusant toujours de me regarder. Était-il vraiment devenu si froid, distant ? J'étais bien décidée à le remettre à sa place, peu m'importait sa réaction. Je voulais le blesser autant qu'il l'avait fait. Il n'avait pas le droit de me traiter ainsi, désormais c'était à mon tour de jouer. Mettant de côté tous mes sentiments pour lui, j'attaquai. J'étais en colère comme jamais, je me fichais bien de le blesser, j'allais lui dire la vérité sur ce que je pensais de lui.

- Je t'interdis de partir comme ça. Pour qui tu te prends ? Tu n'as pas le droit de me faire ça, pas encore. C'est pour ça que tu es revenu, pour jouer avec mes sentiments, me torturer ? M'as-tu vraiment aimée pour me faire souffrir ainsi ? Peut-être que finalement, tu n'as pas changé. Tu es toujours le même lâche. Tu t'amuse à me blesser et tu me quitte à nouveau, alors que c'est toi qui m'a retrouvée. Te rends-tu compte de ton égoïsme ? Tu m'as changée quand tu es parti, je ne suis plus la même, cette fois je refuse de me laisser faire. Tu ne peux plus jouer avec moi comme ça. J'en viens même à me demander comment j'ai pu aimé un être si cruel que toi.

La colère était toujours présente, la douleur continuait de déchirer mon cœur, l'incompréhension me détruisait peu à peu, me laissant seule en face de cet homme que je ne comprenais plus. Un homme que j'avais aimé, plus que tout, à qui j'avais même confié ma vie. Je n'aurais jamais pensé en arriver à cet instant, ce moment improbable et pourtant si réel, cette soirée où il avait décidé de revenir afin de m'achever. Le temps lui-même semblait s'être arrêté pour nous. La nuit était plus noire que jamais, les nuages cachaient les étoiles. Les paroles que je venais de crier à Alek ne l'avait pas laissé de marbre, j'avais vu son expression changer, même s'il avait essayé de le cacher. J'avais parfaitement senti que quelque chose de terrible s'était produit en lui, tout comme c'était le cas en moi, mon cœur n'était plus qu'un organe vide et anéanti. Cependant je ne lui avais pas transmit ma rage, ma haine, seule ma peine l'avait touché. D'un geste lent et doux, ses doigts caressèrent mon visage. Le contact de sa peau sur la mienne était agréable et me fit à nouveau replonger, il ne faisait qu'amplifier mon désir depuis qu'il était près de moi. Se rendait-il compte de l'effet qu'il me faisait ? Éprouvait-il cette passion, tout autant que moi ?

- Si ça ne tenait qu'a moi ,tu serais déjà dans mes bras. Tu te souviens notre promesse Kasey , ne jamais se faire du mal ? Tu n'aurais jamais pus encaisser ce que j'étais et tu ne le pourra jamais. C'est pour toi que j'ai fais ça Kasey et nullement une forme d'égoïsme. Tu ne me reverra plus jamais , je ne reviendrais pas , je ne t'entraînerai plus dans ce genre d'épreuves c'est une promesse improbable et pourtant je l'exécuterais pour toi Kasey. Je te semble si cruel que ça ? Et pourtant c'est bien moi , je fais ça pour ton bonheur. Dans quelque année tu verras … Tu verras que j'avais raison , tu comprendra … Vis ta vie ma douce , ne pense plus à moi mais ne m'oublie pas car moi je ne t'oublierais pas malgré ce que tu peux penser de moi. Je ne me suis jamais servis de toi , je t'ai aimé Kasey et une part en moi crie , crie cet amour enfermé depuis des années mais cet amour est dans une capsule , une capsule que j'ai dus jetée à la mer pour son propre bien , je l'aurais sans doute détruite , ficelée, fissurée. Peut-être qu'en fin de compte la seule solution reste celle-ci , s'éloigner des personnes que l'on aime , devancer le changement , la souffrance , le malheur. Briser tout les liens qui nous unis avec qu'autrui le fasse. Peut-être qu'enfin de compte nous ne sommes pas fais pour être heureux , nous ne sommes pas fais pour aimer. Mais ne dis jamais que je ne t'ai pas aimer c'est un leurre ! Ça me tue de te voir ainsi , tu ne mérite pas cette stupide souffrance que je t'ai fais enduré , ne sois pas triste je t'en supplie. Vois notre passé comme un agréable souvenir et non la chose amère qui est survenue. Tu sais , parfois , je n'es qu'a fermer les paupières pour te voir , cesser de respirer pour te sentir. Lorsque le vent souffle dans mes oreilles j'entends tes murmures , tes éclats de rire . Tu sais je ne voyais la vie qu'en noir depuis … Depuis Amery mais toi t'es arrivé comme ça et BOUM SPLASH dans la geule je t'ai aimé. Tu crois quoi putain ? Que ça ma fait plaisir tout ça ! Bien sûr que non mais bien sur toi tu ne sais pas , tu ne sais pas ce que sais … Tu ne sais pas ce que sais de faire mourir ses prochains , le sort qui t'attendait n'était que la mort est-ce que tu aurais voulus ? J'en doute fort Kasey alors pardonne moi , pardonne moi mais je préfère mille fois refaire et refaire cette erreur que te mettre en péril !

Toujours ces mêmes paroles, Aleksandr se répétait inlassablement, il n'avait toujours pas comprit que je refusais d'écouter. Que pouvais-je donc faire pour le retenir, s'il tenait tellement à partir ? J'étais prête à courir les risques qui, selon lui, apparaîtraient si nous nous retrouvions. Je lui avais un jour promit que j'aurais fait n'importe quoi pour lui. Je n'avais peur de rien, il le savait parfaitement, j'étais forte, peut-être même plus que lui, cependant il continuait de s'inquiéter inutilement. Ses promesses étaient vaines, tout comme ses demandes. Il n'avait pas le droit de me dire tout cela, je n'arrêtais pas de me le répéter et j'allais lui prouver. L'amour n'était qu'éphémère, je le savais, mais le voyage était tellement agréable que je me fichais bien de l'arrivée ou des risques. Cette passion n'était que destructrice, mais elle faisait tellement de bien que cela n'importait pas. J'étais bien consciente que ces aventures avaient toujours une fin. Nous n'étions pas fait pour être heureux ou aimer, mais rien ne nous empêchait d'essayer. J'étais certaine que ses sentiments pour moi n'étaient pas enterrés au fond de lui, au fond de son cœur. Ils étaient toujours présents, autrement il ne serait pas revenu. Il ne m'aurait pas retrouvé, ne m'aurait pas à nouveau blessée. Car l'amour ne pouvait mener qu'à cela, blesser l'autre. Je l'apprenais à nouveau de la manière la plus brutale qui soit. Alek ne le comprenait pas, je voulais lui hurler, lui transmettre mes pensées pour qu'il le voie enfin. Comme il venait de le dire, je ne méritais pas cette souffrance. Je réalisais enfin que j'étais peut-être trop bien pour lui, car jamais je ne me serais abaissée à son niveau; je n'aurais jamais cherché à le retrouver simplement pour le refaire souffrir. Je ne l'avais pas quitté du regard durant toutes ces paroles, s'il devait me déchirer à nouveau, je voulais que ce soit en face. Je n'avais pas cédé, ni failli, j'avais simplement écouté, sans réagir, même si j'avais terriblement envie de l'arrêter. Je comprenais enfin que cela n'était qu'un jeu, je devais simplement continuer à jouer. Je luttais contre mes propres sentiments, comme je l'avais toujours fait. Certes, durant les quelques minutes précédentes, je n'avais pas réussi; désormais je m'étais entièrement reprise et j'étais prête à me battre.

- Arrête. C'est mon tour de jouer désormais. Comment veux-tu que je crois ces paroles si tu agis ainsi ? Tu me blesse et tu attends de moi que je te pardonne. Tu recommence à me détruire et tu me demande de croire que notre amour était réel. Mets-toi à ma place quelques secondes, essaie de comprendre pourquoi je ne peux pas te croire. Tu jure dire la vérité, mais c'est loin d'être suffisant. Tu t'en vas sans me dire pourquoi, ni où tu vas, après être revenu me hanter. Est-ce que tu crois vraiment que je le mérite ?

Je l'empêchais de m'interrompre tout en prononçant ces paroles, je voyais bien qu'il en avait envie, je prenais du plaisir à le faire taire. À nouveau, je me fichais bien de le blesser, car c'était mon but. Peut-être que le faire souffrir l'aiderait à comprendre mon point de vue et mes pensées. Peut-être même qu'il regretterait d'avoir agi ainsi, et qu'il changerait de comportement. J'en avais marre de ces excuses, qui étaient loin d'être assez fondées pour être suffisantes. Il pouvait me réciter autant de longs monologues qu'il voulait, rien ne changerait. Même si ces paroles n'étaient pas agressives et qu'il croyait être attentionné, je ne pouvais pas continuer de l'écouter. D'un geste brutal, je ressortis la photographie de ma poche et l'agitai sous ses yeux, comme pour le faire réagir. Je voulais qu'il repense à ce que nous avions vécu, afin qu'il puisse réaliser à quel point ces retrouvailles étaient déchirantes, qu'il n'avait pas le droit de me faire subir cela. Il essaya de baisser les yeux, mais rien n'y fit, je continuai de lui montrer nos souvenirs, de l'obliger à les affronter.

- Regarde cette photo. Souviens-toi du jour où nous l'avons prise. Je te la montre car tu dois comprendre à quel point tes paroles sonnent faux. Tu dois comprendre que tu n'avais en aucun cas le droit de revenir pour me dire tout ça. Tu aurais pu partir sans revenir me voir, sans regarder en arrière, pourquoi ne l'as-tu pas fait ? Et je t'en prie, ne me sors pas d'autres excuses. Ne te répète pas car cela ne servira à rien.

Aleksandr souriait toujours, ce même petit sourire en coin que j'avais auparavant tellement aimé, et qui désormais me dégoûtait. Il riait, m'exaspérant de plus en plus. Mes sentiments ne cessaient de se diviser, de se partager. Si quelques instants plus tôt j'avais eu envie de lui, désormais je voulais le détruire, l'achever. Cette rage qui m'habitait n'allait pas s'évanouir de si tôt, il allait y goûter. Comment avais-je pu aimer un être si méprisant ? Ses sautes d'humeur m'énervaient plus que tout. Il avait été un homme si adorable, autrefois j'avais cru pouvoir rester auprès de lui toute ma vie. C'était à ses côtés que j'avais vu le soleil se lever, désormais la nuit envahissait nos cœurs. Ces étoiles que nous avions si souvent admiré ne faisaient plus que nous brûler. J'avais conscience que notre amour n'était pas mort, nous l'avions tous deux enterré au plus profond de nous-mêmes. Je ne savais pas moi-même ce que je voulais en faire. Le ressusciter serait une tâche difficile, il ne suffirait pas simplement de rallumer la flamme de notre passion. Il aurait fallu creuser jusqu'au fond de mon cœur, afin de le retrouver là où je l'avais si longtemps caché. Une grande partie de moi avait envie de l'anéantir pour toujours, faire en sorte qu'il n'ait jamais existé, que cet homme ne soit jamais entré dans ma vie. Peut-être que ce que je ressentais désormais n'était qu'un désir physique. Cela faisait trop longtemps que je me sentais seule, j'avais besoin de compagnie, peu importait laquelle.
Mes paroles l'avaient blessé, j'avais atteint mon but. Ses mains dans les poches en signe d'abandon, ses yeux baissés me le prouvaient. Il n'osait plus me regarder en face, peut-être parce qu'il s'était rendu compte que je gagnais la partie. Tout ce qu'il pouvait faire ensuite ne servirait à rien, j'avais prouvé que je méritais mieux, qu'il n'était pas fait pour moi. Il n'était même plus un être humain, simplement un monstre qui avait tenté de tuer sans y parvenir. Il avait peut-être réussi à me blesser, mais je m'étais relevée comme je l'avais toujours fait. J'étais une femme forte, je refusais de laisser l'amour m'atteindre, aucun homme n'avait de pouvoir sur moi. L'amour lui-même n'arriverait plus à me rabaisser.

Il ne comprenait toujours rien, c'était comme s'il avait ignoré mes paroles. J'étais même amusée par sa réaction, par ses mots. Il était ridicule, croyait-il vraiment que j'allais retourner vers lui après cela, quelle qu'en soit la raison ? Essayait-il de me blesser à nouveau ? Si c'était le cas, son essai était vain. Plus rien ne pouvait m'atteindre. Il se répétait inlassablement depuis le début de la soirée, j'étais fatiguée d'entendre ces paroles. S'il devait partir, alors qu'il se fasse plaisir. Peu m'importait, au final, cette soirée m'avait prouvé que j'avais eu raison depuis le début. Lorsque nous avions rompu, je m'étais entraînée à arrêter de penser à lui. Je m'étais habituée à le détester, tellement que j'avais fini par croire qu'il n'était rien pour moi. Dans mon esprit, il était devenu un être insignifiant, une période de ma vie que j'avais gâché, une simple perte de temps. Aleksandr n'était plus l'homme que j'avais aimé. Je ne connaissais toujours pas la raison de son retour, mais désormais je m'en fichais. Peut-être avait-il simplement voulu s'amuser en me torturant. Il avait réussi, le temps de quelques minutes, puis je m'étais relevée, comme je le faisais toujours. Il allait s'en rendre compte, il n'était pas le seul à avoir changé radicalement. Il ne me méritait pas, je pouvais avoir tellement mieux. Je pouvais choisir d'obtenir n'importe quel homme, en utilisant ou non mes pouvoirs. Alors pourquoi perdrais-je mon temps avec lui ?
Sans attendre ma réponse, Aleksandr se retourna et s'éloigna à nouveau, toujours aussi lâchement. Il ne m'accorda même pas un regard, c'était exactement les mêmes gestes que quelques instants plus tôt. Je ne savais pas ce qu'il attendait, s'il pensait que j'allais à nouveau lui courir après, ou le laisser partir. J'optai pour la deuxième solution, je n'avais aucune raison d'aller le retrouver, aucune envie. Le désir, la passion et l'amour s'en étaient allés, bien trop loin pour que je puisse les rattraper, même si je l'avais voulu. Cette soirée ne m'avait rien apporté, si ce n'était la preuve que jamais je n'aurais du tomber amoureuse de cet homme. Je réalisais que l'amour était complètement inutile. À quoi bon se donner à quelqu'un si c'est pour être abandonné ensuite ? À quoi bon confier sa vie et son cœur si c'est pour les retrouver déchirés, brisés en mille morceaux ? Seul le plaisir était un sentiment véritable.
Quelques minutes après qu'il soit parti, je décidai de le suivre. Je voulais voir quelle serait sa prochaine réaction. Qu'allait-il ressentir, maintenant qu'il savait qu'il n'avait plus d'importance dans ma vie ? Il s'était caché dans le parc, quelque part où il pensait être seul. Il admirait le paysage, détaillait chaque beauté de la nature. Je connaissais Aleksandr assez bien pour savoir qu'il se sentait mal. Je ne le voyais que de dos, mais je reconnus ses sentiments. Il était brisé, j'avais réussi à atteindre son cœur de pierre. Mon but était désormais atteint, j'étais sûre que désormais, il comprenait ce que j'avais enduré lorsqu'il m'avait abandonnée. Nous étions quittes désormais, je lui avais transmit ma douleur. Peut-être même que celle-ci m'avait quittée pour de bon, maintenant qu'il la ressentait également. Aussi odieux que cela sonnait, j'étais contente qu'il se sente aussi mal. En l'attaquant grâce à mes paroles, j'avais cherché à le blesser aussi brutalement qu'il l'avait fait.
Je pris le temps de détailler le parc à mon tour. C'était un endroit magnifique, la nuit était tombée sur les fleurs, la lumière de la lune éclairait l'herbe humide. Cet endroit me rappelait étrangement le lieu où nous avions prit la photographie qui était restée dans ma main. Je décidai de la regarder à nouveau. Nous étions si heureux, cela me semblait tellement éloigné, au point que cela ressemblait à un rêve, un instant imaginaire qui n'avait jamais existé. L'homme de la photo souriait, mais celui que j'avais en face de moi n'était pas la même personne. Il était détruit à l'intérieur, tout comme je l'avais été. Son cœur était désormais gelé, le mien brûlait d'un feu ardent, je goûtais enfin à la douce saveur de la vengeance. Une toute petite partie de moi avait pitié de cet homme qui marchait vers un endroit inconnu, envahi par la brume. Je continuais de le suivre, sans réellement savoir pourquoi. Je n'arrivais pas à m'éloigner, peut-être que j'appréciais le fait de le voir souffrir ainsi. Étais-je devenue aussi cruelle que lui ? Je me rendis compte que je venais de m'abaisser à son niveau. J'essayai de me convaincre que j'avais raison de ressentir cela, car lui aussi avait expérimenté ces sentiments plus tôt dans la soirée. J'avais envie de l'appeler, je voulais qu'il se retourne afin de redécouvrir son visage, son expression. Si j'étais satisfaite de ma victoire, une partie de moi se sentait mal d'avoir infligé une telle souffrance à quelqu'un d'autre, même si je ne faisais que partager la douleur que j'avais moi-même vécu. J'avais enfin eu la chance de me venger, mais je savais que ces sentiments s'évanouiraient. Dans quelques temps, les souvenirs de nos jours heureux referaient surface, je me remettrais en question, peut-être que j'allais regretter mon geste. Je décidai de savourer ce moment, je continuais de le regarder souffrir, simplement parce qu'il l'avait mérité et que j'étais fière de ma victoire.