Je ne savais plus exactement depuis quand je n'étais pas sorti de chez moi, ne fusse que pour aller voir des amis ou bien sortir en boîte comme j'avais l'habitude de le faire avant. Un changement me froissait l'esprit depuis maintenant quelques jours, je prenais conscience de tout ce que j'avais fait, de tout ce que j'avais traversé, seul. Seul comme je l'étais aujourd'hui. La solitude ne m'avait jamais posé problème car je n'avais jamais eu aucune attache, du moins je m'en été séparé mais aujourd'hui... Tout était différent. Peut-être trop différent, sûrement vu l'incompréhension dans laquelle on m'avait jeté. J'étais haineux, littéralement. J'aurais pu tout faire exploser dans cette maison, j'aurais pu. Ils devraient s'estimer heureux d'être encore en vie pour m'avoir arraché Auréa aussi brutalement. Après le semblant de conversation que j'avais eu avec mon géniteur, j'étais parti là où mon instinct m'avait conduit. J'étais monté dans la voiture et à présent, je roulais depuis quelques heures déjà en faisant le tour de la ville et de ses environs. Je ne savais pas réellement ce qui me retenait dans cette foutue ville que je ne supportais plus vraiment. Les lumières factices qui n'étaient qu'un mirage dans lequel tout les étrangers tombaient naïvement me faisaient ni chaud ni froid. Quels crétins. Tout ce qui m'emplissait aujourd'hui n'était que le vide et la colère. Effectivement, je n'étais plus bon à rien, j'avais laissé tomber la musique, laissé tombé mes écrits. La lassitude que je mettais dans tous les gestes que je faisais n'avaient été que le reflet de l'âme qu'on m'avait donné. Je n'avais jamais été ce genre de garçon malsain, je l'étais devenu et je crois que je m'étais perdu dans ce film que j'avais créer. Le pessimisme faisait parti de mes traits de caractères dominants mais j'en avais rien à faire en réalité, c'était les autres qui m'avaient toujours ennuyés. C'était plus fort que moi, je crois qu'ils me dégoûtaient. Je me fondais dans cette masse d'individus cruels, je l'étais certainement autant qu'eux. Penser des choses pareilles étaient certainement stupide et irréfléchi. Je n'avais plus Auréa pour me prouver le contraire. Je savais que j'avais tort mais ça ne m'empêcherait pas de continuer, tout ce que je voulais c'était qu'ils aillent se faire foutre.

Je m'étais arrêté à quelques rues d'un bar où je traînais souvent il y a de ça quelques mois. Je savais que ça n'allait rien changer, que j'aille là ou ailleurs. Je ne savais pas ce que je cherchais mais je n'étais pas capable de réfléchir alors qu'on m'avait empoisonné à la haine. J'allais bien finir par me lasser de vouloir tout détruire. J'avais pensé à plusieurs solutions totalement folles et impulsives que j'étais capable de le faire. Tous les choix possibles s'offraient à moi. Je n'avais pas de limite, je n'en avais jamais voulu. Il n'y avait rien de plus stupide à mes yeux que les limites et pourtant j'aimais les mettre aux autres, allez savoir pourquoi. J'avais attendu que le soleil cède sous l'obscurité pour sortir de la voiture et marcher vers le bar auquel j'avais pensé plus tôt. Je n'avais pris conscience de rien, ni des gens qui se pressaient pour arriver à l'heure, ni aux voitures qui klaxonnaient sans s'arrêter. J'étais dans une sorte de passage à vide qui rejetait toutes les pensées qui s'amusaient avec mes nerfs habituellement. Je me contentais de marcher, de respirer et d'exister. Pourquoi je m'obstinais à faire des choses qui ne faisait que m'enfoncer ? J'avais quelque chose dans la poitrine qui effaçait le reste de mes émotions. C'est très désagréable de vouloir faire quelque chose, encore plus lorsque ce quelque chose est interdit. Il était temps, sans doute, que j'essaye de comprendre les autres même si je n'avais jamais aimé me forcer pour faire plaisir, je pensais que c'était souffrir pour le bonheur des autres et je n'étais pas prêt à le faire si les autres n'étaient pas aptes à faire la même chose pour moi. Quoi qu'il en soit, je savais que je pouvais m'énerver autant que je le voulais, ça n'allait rien changer à la situation. C'était peut-être cette raison qui m'avait mené jusqu'à ce bar. L'alcool faisait parti des choses qui faisait oublier temporairement. C'était ça ou l'héroïne. Je ne voulais pas y penser, je ne voulais pas changer d'avis. J'entrais dans la boîte et la musique hurlait déjà. Il y avait déjà du monde alors que la soirée venait à peine de commencer. Je ressentais une sensation étrange en entrant dans cet endroit, j'y avais passé la plupart de mes soirées, avec des connaissances et j'en sortais toujours avec une fille dont je ne connaissais même pas le nom. A cet instant, je me sentais quelqu'un de différent, je savais que j'allais repartir aussi seul qu'à l'instant où j'étais entré. Je m'étais dirigé vers le bar. Ce n'était pas la serveuse habituelle, la jeune femme que je voyais derrière le comptoir m'était totalement inconnue. Je supposais que l'autre devait s'être fait virer. Dommage, elle était sympa.

- Bonsoir, un black russian s'il te plaît.

J'avais la sensation d'être étranger ici, alors que j'avais été un habitué quelques mois plutôt. Je venais souvent ici avec Aleksandr, pour discuter lorsqu'on avait le temps et l'envie mais ça remonte à tellement longtemps quand j'y pense. Quelques mois s'étaient écoulés s'en que je ne remarque quoi que ce soit, tout avait été tellement vite. Je crois que j'étais en train de décrocher, je n'étais peut-être pas apte à suivre tous les enchaînements qu'ils m'imposaient. J'observais les gens s'amuser, rire et ne se soucier de rien. Je me demandais si leur vie était aussi compliquée et si eux aussi ils leur arriver de jouer un rôle juste pour ne pas décevoir et se faire mal par la même occasion. La jeune femme me servait mon verre et elle me semblait assez gentille aux premiers abords. Je me demandais aussi depuis combien de temps elle remplaçait Rachel. Elle n'était pas très grande, elle avait une couleur de peau qui me faisait penser à l'été et elle souriait tout le temps. Je m'étais mis à la regarder comme pour essayer de la connaître, c'était un de mes défaut, observer les gens jusqu'à un tel point qu'ils s'en sentent gêner. Je ne le faisais pas exprès pourtant. Elle souriait avec toujours ce même entrain et elle me regardait elle aussi. Au bout d'un moment, je la voyais rougir et tourner la tête discrètement. Je m'étais mis à rire instinctivement et je la remerciais pour le verre.

- Désolé, c'est juste que je me demandais si tu remplaçais Rachel vu que je ne t'ai jamais vu ici avant.